Une arrivée attendue, mais longue. Dans la matinée du 23 juin 1767, Le Dolphin se glissa dans la baie de Matavai, les cent cinquante hommes constituant l’équipage de la frégate anglaise étaient partagés entre la lassitude et l’impatience. Minés par le scorbut, épuisés par cinq mois de navigation à travers le Pacifique, ces hommes se demandaient quand donc Samuel Wallis (1728-1795) , leur capitaine, se déciderait-il enfin à débarquer ?
A bord le besoin en eau et nourriture fraîches était devenu insupportable. Or, cela faisait maintenant cinq jours que Tahiti leur était apparue pour la première fois. Le Dolphin en avait longé la côte festonnée de baies profondes plus attrayantes les unes que les autres. Elles constituaient autant d’excellents mouillages pour la frégate. Mais le capitaine Wallis n’avait pas osé y débarquer. A plusieurs reprises il s’y était risqué. Au Sud de l’île d’abord, à Mataiea, Papeari et Taravao ; puis à l’Est, à Mahaena. Partout des centaines de pirogues à balancier s’étaient élancées du rivage à la rencontre du Dolphin. Alors, chaque fois, Wallis avait préféré renoncer devant ces manifestations hostiles. Trop vite, trop facilement pour les marins du Dolphin prêts à affronter tous les dangers pour de l’eau fraîche et des vivres.
C’est pourquoi, lorsque le Dolphin jeta l’ancre dans la baie de Matavai, son équipage était bien décidé à prendre pied sur l’île quels que fussent les risques. Leur résolution était d’autant plus vive que de toutes les baies de Tahiti, celle qui s’étalait paresseusement aujourd’hui devant eux, était certainement l’une des plus séduisantes. Bref, il était grand temps d’ajouter ce joyau du Pacifique à la Couronne britannique. Et par la même occasion… de remplir les barriques dramatiquement vides du bord !
Voir fiche : Banc du Dolphin
Sources :
Illustrations : 1.Le Dolphin ; 2. Capitaine Samuel Wallis