Mapu-Nui, grand guerrier et habile navigateur paumotu va soumettre à sa domination les populations des îles rencontrées lors de ses voyages, de Niau à l’Ouest à Hao à l’Est en passant par Anaa où une grande partie de la population périt. Il poursuit même ses voyages jusqu’à Tahiti, Maupiha’a (Mopelia) aux îles Sous-le-Vent, et jusqu’aux « îles lointaines perdues dans les nuages du soir »
Voici sa chanson de geste
C’est moi Mapu le navigateur, fils de Varoâ-Vaka-Tapuhoe roi de Takume et de Kuraigo de Fagatau.
Ma pirogue Tagohe file tout doucement. Les deux balanciers Maliina et Katea sont fort agités. Elle vogue sur la mer lointaine (tai roa), sur la mer rapprochée (tai poto). Guerrier vengeur, je navigue jusqu’aux îles lointaines perdues dans les nuages du soir pour y porter la guerre.
C’est moi Mapu le voyageur. Je tiens prêt mon bâton Rapaheuira ki te Ragi pour scalper la tête du guerrier qui osera se faire Dieu (ou se diviniser). Oui, C’est moi. Mapu le voyageur, le guerrier qui aime à tirer vengeance »
Les aventures de Mapu
Les nombreuses victoires de Mapu commencèrent lorsque trois bateaux montés par des anthropophages abordèrent à Takume. A leur bord, il y avait trois kaite remarquables qui se nommaient : Fatoga, Terehu et Toga. Ils n’eurent pas de chance car ils furent tous les trois exterminés avec leurs équipages.
Après ce glorieux fait d’armes, Mapu entreprit un voyage à Tahiti pour rendre visite à son père Varoa Nui. Puis il se rendit à Raroia et de là, partit vers Takaroa où Il eut pas mal de démêlés avec les habitants.
Il aborda ensuite l‘île de Faau (Niau) mais y fut mal accueilli et traité comme ennemi. Les habitants de l’île le poursuivirent et le cernèrent dans la brousse. Mais il bondit par dessus ses ennemis et se sauva. C’est à cette occasion qu’il fut appelé par ceux de Niau : Mapu Rere, Mapu qui vole.
Le bateau de Mapu avait pour nom Tagohe. C’est sur ce pahi paumotu qui n’était autre chose qu’une pirogue double portant un petit abri en feuilles de pandanus démontable à volonté et servant de refuge durant les mauvais temps.
Polynesian pirogue. Illustration Herb Kane
Mapu a Maupihaa (Mopelia)
A son départ de Niau, Mapu Teretere voulu rejoindre Tahiti, mais à cause d’une navigation hasardeuse, il se dirigea vers l’Ouest, du côté des Iles-Sous-le-Vent et arriva devant l’île de Maupihaa (Mopelia). L’île était bien peuplée en ce temps là. Les habitants de l’île l’ayant vu arriver, coururent à leurs lances et debout sur le récif l’interpellèrent en ces termes : Ke vai kee? Qui es-tu?
Il leur répondit :
C’est moi, Mapu le voyageur au large de Maupihaa (Mopelia).
Le bruissement des feuilles de pandanus s’est fait entendre.
Les feuilles de tamanu se sont desséchées.
Me voilà arrivé à Vaereta, le pays ou le nombre des tortues peut être comparé à celui de la porcelaine, semée sur le rivage.
Durant son séjour à Maupihaa, Mapu eut la chance d’attraper un Kura. C’était un oiseau rare dont le plumage rouge écarlate était fort recherché par les rois et les chefs pour leur servir d’ornements lors des grandes cérémonies.
A cette occasion, Mapu changea le nom de son bateau et l’appellera Manukura (L’oiseau rouge). A chaque fois qu’on l’interrogeait sur ce nom il ne manquait jamais de parler de ce magnifique oiseau.
Oiseaux Kula ou Kura. Dessin Patrick Chastel
Mapu arrive à Gana (Anaa)
Lors du voyage suivant vers l’île de Gana (Anaa), le fameux navigateur Mapu était accompagné de deux grands guerriers Te-ipo’i-te-kura et Te-ipo-‘i-te-Marama. Sur cette terre nouvellement née se dressait déjà le grand guerrier Te Manava qui dès qu’il aperçut le groupe descendant de la grande pirogue demanda en s’adressant à Mapu : Quelle est donc cette embarcation ?
Mapu répondit : « C’est l’embarcation de Mapu qui a traversé les sept vagues de ‘Ana’a.
Te Manava accueillit paisiblement les nouveaux arrivés parce qu’ils étaient originaires de Anaa. C’est ainsi que Mapu Tererere put débarquer à Tekahora.
De retour à Takume
Mapu tira ensuite une bordée jusqu’à Hao. De là, il gagna Raroia et Takume où il s’établit définitivement et y laissa de la progéniture. Il érigea un mausolée en l’honneur de son père Varoâ-Vaka- Tapuhoe.
Sources :
Légende de Mapu Nui ou Mapu Teretere de Takume, recueillie par P. Hervé Audran. 1926. Bull de la Société des Etudes Océaniennes n°14 Aout 1926 p 86
Johanna Nouveau Association culturelle Te Reo o te Tuamotu . Tuamotu Te Kâiga p 48
Illustrations Herbert « Herb » Kawainui Kāne