Le mont MacDonald est un volcan sous-marin situé dans l’est des îles Australes, en Polynésie française, qui a été découvert voilà 50 ans, à cause de son activité sismique. Le géophysicien Daniel Raoux explique pourquoi ce haut-fond, qui est le point chaud de l’Archipel des Australes au-delà de Rapa, porte un nom américain.
Une première éruption repérée en 1967
La première crise éruptive de ce volcan sous-marin fut enregistrée au Laboratoire de Géophysique de Pamatai le 29 mai 1967, grâce aux ondes T (T comme troisième). Cette crise était violente et les ondes acoustiques dues aux éruptions sous-marines, propagées dans le canal SOFAR (SOund Fixing And Ranging) avec peu d’atténuation, arrivaient à Tahiti pour attaquer le talus récifal externe et se transformer en ondes sismiques. Je pense qu’à l’époque nous venions d’installer trois sismographes à Rangiroa, mais Tubuai n’était pas encore équipé.
Nous travaillions déjà en 1967 avec le Pacific Tsunami Warning Center à Hawaï. Un certain Rockne Johnson nous contacte donc pour savoir si nous enregistrions quelques signaux. Eux avaient détecté la crise grâce à leur réseau militaire d’hydrophones qui part de Californie et se termine à Christchurch en Nouvelle Zélande, réseau extrêmement performant, régulièrement calibré par des largages de grenades à partir de KC 135. « Mais, bien sûr, nous avons tout vu, çà se passe au sud-est de l’archipel des Australes » répond-t-on. Les américains décident d’aller voir ce qui se passe, mais pas officiellement, car nous sommes tout de même dans la zone économique Française (200 miles nautiques de l’îlot Marotiri).
Les américains réagissent les premiers
C’est avec un voilier le « Havaiki »que Johnson, sa femme et ses enfants partent de Honolulu, avec quelques équipements de mesure (Sparkler remorqué pour les sondages) et un positionnement Transit (un point précis toutes les heures et demie).
Pendant ce temps, au LDG, on se demande bien ce que l’on peut faire. On tente donc le coup au CEP (Centre d’Expérimentation du Pacifique) et me voilà, en costume et cravate, chez le Chef d’Etat-Major de l’Amiral Tellier, le Capitaine de Vaisseau Castagliola, qui me reçoit comme un chien dans un jeu de quilles :
« on a autre chose à faire, je n’ai pas de bateau dans le secteur, pas d’heures d’avions disponibles, peut-être un P2V6 dans quelques semaines (avion de reconnaissance maritime équipé d’un radar très puissant) ».
Bref, l’américain trouve le haut-fond le 21 juillet 1969 à 0600 Z à moins 49 mètres (vers 140,5° ouest et 28,8° sud) et lui donne le nom de Mac Donald, du nom de son professeur de géologie à l’Université East-West d’Honolulu.
R. Johnson y retournera en juin et juillet 1972, avec un autre voilier, le « Kawamee » de 46 pieds, bien mieux équipé (sondeur 2000 fathoms, sparkler 3 kilojoules, flute hydrophones de 4 mètres, magnétomètre à protons, radar, récepteur Transit, 4 couchettes, lave-linge, etc…)
Les français arrivent après la bataille
Trois semaines plus tard, le CEP m’appelle :
« j’ai un Capitaine ce Frégate qui a des heures à faire sur P2V6, si vous le souhaitez toujours, il peut aller voir si il y a des eaux décolorées ou des bouillonnements en surface ? ».
La crise était finie depuis longtemps et le P2V6 n’a rien vu, à supposer qu’il ait pu naviguer correctement avec son radar vers les coordonnées qu’on lui avait données.
En 1986, le Mac Donald était à moins 27 mètres (EV Henry). Bien sûr tout le monde est allé voir et plonger sur le sommet : laves volcaniques, un début de cratère, de l’hydrothermalisme, etc…
Il est grand temps d’aller y construire un phare, d’y installer un gardien, de lui changer son nom et de récupérer 200 miles nautiques de Zone Economique Exclusive!!
Le volcan Mac Donald
Le mont sous-marin Mac Donald s’élève de 1 800 mètres au-dessus du fond océanique. Son sommet culminait, en 1967, à 27 mètres sous le niveau de la mer et formait un plateau de 100 mètres de largeur pour 150 mètres de longueur parsemé de cônes et de pinacles.
Également appelé Tamari’i, le Mac Donald est l’un des rares volcans actifs de la Polynésie française, avec le volcan émergé Mehetia ( Me’etia) et les volcans sous-marins Teahitia (à 40 km de Tahiti, à moins 1 600 m), mont Rocard (à mi-chemin entre Mehetia et Tahiti, à moins 2 100 m) ou encore Moua Pihaa (entre Mehetia et Tahiti, à moins 180 m).
Sources :
© Daniel RAOUX – Géophysicien
Laboratoire de Géophysique de Pamatai
Photo : Cousteau , plongée sur le volcan Mac-Donald