Un arbre à pain typique des Gambier, malheureusement disparu.
Les feuilles du Uru kukuru-tu sont très découpées et peuvent avoir quelquefois 50 cm de long. Les plus anciennes tombent au fur et à mesure que de nouvelles poussent. Ces feuilles se relèvent pour exposer les fruits à l’air et au soleil et s’étalent en panache lorsque l’arbre n’en porte pas.
Le fruit est sphérique et parfois de la grosseur d’une tête d’homme. Il est fort nourrissant et d’un goût agréable par sa douceur. Sa pulpe, a maturité, est très farineuse; elle devient aqueuse et acidulée quand elle est trop mûre. Les graines du fruit à pain avortent à Mangareva et cet arbre précieux ne s’y reproduit que par rejetons.
Aux îles Gambier, la cueillette des fruits à pain incombait plus particulièrement à l’homme. Sitôt que ce fruit providentiel était mûr, le mari en faisait la cueillette, depuis la terre ou juché sur l’arbre, au moyen d’une longue perche au bout de laquelle étaient assujettis un bois fourchu et une poche en tresse de coco. Le fruit détaché par le moyen de la fourche tombait dans la sacoche sans se maculer.
Les fruits étaient mis en tas et la femme, le mari et les enfants se mettaient à gratter l’écorce ou la peau de ces fruits avec des coquillages passés à la meule. Quand tout ce travail était fini, l’homme couvrait les tas de fruits pelés avec des feuilles pour les amollir et les déchiqueter plus facilement avec le tranchant d’une nacre aiguisée. Il les conservait dans une fosse de stockage creusée dans le sol où ces fruits fermentaient et se réduisaient en une pâte appelée “ma”.
Le dernier exemplaire de Uru kukuru-tu, que nous avions repéré dans la propriété à coté de l’école en 2000, a été depuis abattu pour faire place à une maison. Les propriétaires ne connaissaient même pas la rareté de cet arbre.
Sources :
LAVAL, Histoire ancienne d’un peuple polynésien 1968.
Bruno Smidt et Olivier Babin 2000