Cinquante ans avant Pouvanaa a Oopa, Teraupoo ouvrait la voie de la lutte contre la France.

Hapaitahaa a Etau, dit Teraupoo, est né vers 1855 à Avera, sur la côte Est de Raiatea. Vers sa quinzième année, il est malmené par un capitaine de frégate français et fait alors serment de se venger des Français. Il se tourne alors vers les pasteurs anglais dans l’espoir d’obtenir un soutien actif de l’Angleterre qu’il n’obtiendra jamais.

Au cours du dernier trimestre 1887, la situation se dégrade à Raiatea. Teraupoo s’oppose catégoriquement à la demande de protectorat signée par Tamatoa VI (roi de Raiatea) et des chefs de Raiatea et Taha’a. Dès lors, il entre officiellement en rébellion. C’est un homme ambitieux et audacieux, persévérant, intelligent et prévoyant qui s’impose par son énergie comme chef d’une armée de huit cents hommes.

Le 16 mars 1888, le gouverneur Lacascade proclame l’annexion des Îles-Sous-le-Vent par la France.

D’avril 1888 à décembre 1896, Teraupoo fait la loi à Raiatea. Il taxe les produits qui franchissent le pont de Avera et les bateaux qui trafiquent dans le lagon. Six districts de Raiatea et trois de Taha’a arborent le pavillon “rebelle” et le pavillon britannique.

Le 27 décembre 1896, le gouverneur français Gallet donne quatre jours à Teraupoo et à ses partisans pour déposer les armes et se soumettre.

Le 1er janvier 1897, un corps expéditionnaire français composé de 1050 hommes et trois navires de guerre attaque les zones côtières de Raiatea et de Taha’a.

Le 3 janvier, la bataille de Tevaitoa fait 17 morts et cinq blessés dans les rangs des résistants.

le 15 février 1897, le chef Teraupoo est fait prisonnier avec son épouse dans la grotte Faneuti de la vallée de Vaiaau. La guerre de Raiatea, qui a fait 40 morts, est terminée. ,

En Mars 1897 Teraupoo et neuf autres résistants, dont la cheffesse Mai vahine de Tevaitoa et son mari, sont jugés à Papeete et condamnés à la déportation en Nouvelle-Calédonie. Dans le même temps, 169 autres soit disant rebelles sont déportés aux îles Marquises, avec femmes et enfants. Un monument à Ua Huka commémore l’histoire de ces déportés.

Autorisé à rentrer à Raiatea en 1905, il décède à Vaiaau le 23 décembre 1918, au plus fort de l’épidémie de grippe espagnole. Sa tombe située à la pointe Paimatai, coté montagne, a été recouverte par le bitume de la route de ceinture.

Si Teraupoo a été oublié par l’histoire officielle polynésienne, il n’en reste pas moins la référence pour les militants de la cause indépendantiste qui en font un de leur symbole.

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Sources :

Mémorial polynésien T.4
Archives de la Marine, Fort de Vincennes
Service des Archives, Papeete
Descendants de Teraupoo à Raiatea.

Photo ancienne du chef Teraupoo en famille à Raiatea.