Selon Papa Matarau, ancien diacre de Moorea, le destin de Papetoai est intimement lié à celui du Fare Pure, le temple octogonal construit par les missionnaires entre 1813 et 1822…
1833, le premier temple
Les missionnaires accostèrent à Faatoai – aujourd’hui Papetoai -, à la pointe du village qu’ils baptisèrent «Te maoae roa », du nom du vent qui, en soufflant ce jour-là, les avaient amenés à cet endroit. Là, ils plantèrent un grand mât de 30 mètres de haut, où ils hissèrent le pavillon de l’Église. Ce mât était ainsi visible de la mer et de la vallée. Les missionnaires construisirent un premier temple directement sur le marae Uaeva.
Ce premier temple de Polynésie fut construit en bois, avec la source à l’intérieur. Il avait une forme octogonale, en mémoire du symbole des huit tentacules de la pieuvre fee de Papetoai et du nom ancien de l’île, Aimeho i te rava varu (Aimeho aux huit radiations).
Dumont d’Urville dans Voyage pittoresque autour du monde donne une description du temple :
« La chapelle de Papetoai est la plus splendide de tout l’archipel ; elle forme un bâtiment octogone de 60 pieds environ sur chaque face, bien recrépi au-dehors, construite en blocs de corail d’un poli parfait, qui jouent la pierre de taille. De beaux bancs et une tribune en bois d’artocarpus composent son mobilier. »
Selon Herman Melville dans Omoo :
« La chapelle, de forme octogonale, est entourée de galeries. Quatre cents personnes peuvent y trouver place. Toutes choses, à l’intérieur, sont teintes en rouge sombre, et comme les fenêtres y sont rares, les bancs et les galeries crépusculaires, ainsi que la chaire, n’offrent pas un spectacle fort gai. »
Le second temple
Ensuite, ce temple fut reconstruit en dur 1887 à 1891, tout en conservant cette forme octogonale, mais avec la source à l’extérieur.
A l’intérieur du temple, se trouve une stèle de marbre à la mémoire du travail considérable accompli par les missionnaires. Une autre plaque évoque la première conversion par les missionnaires en 1815, quand le Grand Chef Patii renonça à ses idoles pour le seul vrai Dieu. Patii devint le premier diacre tahitien.
La source Vai te rara epu
C’est de la source est Vai te rara epu (qui bouge, qui ne se tarit pas) que tout le processus d’évangélisation est parti. Après l’épisode du feu, le grand-prêtre de Faatoai, Pati’i, s’est converti à la nouvelle religion. Tout Aimeho se rassemblait ici pour le culte et de nombreux baptêmes ont eu lieu dans cette source. Faatoai est devenu Papetoai, le village où l’on trouvait l’eau nécessaire pour le baptême. C’est dans cette source que Pômare II fut baptisé avec six autres diacres. On raconte que l’eau de la source posséderait des propriétés guérissantes.
La pierre Tura’a ma rafea
Devant le temple, on peut voir une pierre dressée, la pierre Tura’a ma rafea. Elle provient du marae Taputapuatea de Raiatea et a permis d’élever le marae Tepua tea de Papetoai au rang de marae national. Elle fut offerte en cadeau de mariage à un prêtre de Papetoai uni à une fille royale de Raiatea. Elle est divisée en trois parties et symbolise la personne sacrée du roi avec six yeux pour surveiller : le haut est appelé « Tura », le milieu « Ama » et le bas « Raufea ». Le socle de la pierre représente la population.
Sources :
Dumont d’Urville – Voyage pittoresque autour du monde. MELVILLE Herman – Omoo, chapitre LXXIX
Guide MOOREA, Service du Tourisme 2000