Ces deux grandes mains géantes en pierre, qui trônent sur l’esplanade de Hotuarea font référence à la légende de Faa’a : « Tefana aux mains brûlantes » qui raconte l’histoire du héros Tetaha qui plongea ses mains dans le four tahitien afin d’extraire les mets brûlants pour être le premier à les présenter au roi.
Légende de Tefana aux mains brûlantes
Le nom initial de Faa’a était « Tetaha », nom qui signifie le lever et le coucher du soleil et fait référence au grand guerrier nommé Tetaha. Jadis, le district de Tetaha était gouverné par des chefs et une assemblée de prêtres.
À cette époque, le roi Pômare aimait s’adonner à l’organisation de l’une des festivités les plus prestigieuses : la préparation du four tahitien ahi’maa.
Sur la place Tarahoi à Papeete, ce concours attirait une innombrable foule bien déterminée à encourager leurs champions respectifs :
Ahi’maa, four Tahitien vers 1920. Photo George Spitz
Pour rejoindre le lieu de compétition Manotahi et Manorua disposaient de leur propre pirogue double où étaient abrités soigneusement les victuailles et articles pour le concours. À l’arrivée dans la rade de Tauaa, ils jetèrent l’ancre pour un moment de répit puis se dirigèrent vers le lieu appelé Tefana tout près de Tipaerui, où Tetaha les attendait pour leur ouvrir les portes d’accès au concours.
Avant le signal de commencement le roi adressa un message d’encouragement à toutes les délégations. Il constata avec plaisir que les régions rivalisaient de par la qualité de leurs produits. Cela témoignait que chacun prenait très au sérieux sa préparation pour remporter la victoire.
Cette épreuve était rythmée par trois sons de trompe :
- le premier annonçait la préparation du four tahitien.
- Le second, le placement des pierres dans le four. Quant au dernier, il avisait de la préparation des mets pour leur cuisson.
- Enfin, le son des tambours et des percussions avertissait le début de la dégustation des plats : c’est ce moment crucial qui déterminera le champion.
L’ensemble des participants rivalisaient en termes de goût et de présentation des plats. Le vainqueur était sélectionné par sa vitesse d’exécution. Aussi, sans aucune hésitation et animé par une assurance exemplaire, Tetaha plongea ses mains dans le four afin d’extraire les mets brûlants pour être le premier à les présenter au roi.
Tetaha fut proclamé vainqueur du concours du four tahitien par le roi qui lui accorda un nouveau nom : « Tefana i te rima veavea », Tefana aux mains brûlantes »
Informations recueillies auprès de papa Matu par le Comité Culture de Faa’a
La sculpture des mains brûlantes
Cette double sculpture se trouvait depuis une dizaine d’années dans un terrain vague sur les hauteurs de Saint-Hilaire (photo 2). Elle a rejoint l‘esplanade de Hotuaraea en janvier 2015 pour le cinquantième anniversaire de la commune de Faa’a (photo 1).
Cette œuvre d’art, impressionnante par le mana (pouvoir) qu’elle dégage, a été réalisée dans les années 1990 par le sculpteur pascuan Hotu à partir d’un énorme bloc de pierre qui se trouvait sur cette colline. Le travail a dû être énorme car il a fallu sortir la roche qui était à moitié enfouie, puis la couper en deux et ensuite la tailler, comme le montre l’amoncellement de fragments sur le terrain.
La forme donnée aux rochers représente deux mains dont les doigts sont entrouverts et où figurent les noms de tous les archipels de la Polynésie.
La sculpture à la fin des années 1990, sur un terrain vague sur les hauteurs de Saint-Hilaire à Faa’a. © Tahiti Heritage
La petite histoire des mains de pierre
L’œuvre aurait été commandée à l’époque par le maire de Faa’a, Oscar Temaru, afin d’illustrer l’ancien nom de la commune, Tefana i te rima vea vea. La construction fut confié au sculpteur pascuan Hotu qui vivait à Afaahiti. Mais il y a eu de nombreux problèmes lors de la réalisation à cause d’une mauvaise gestion de la matière, principalement des espaces entre les doigts. Il n’y avait plus de matière pour le pouce et une des mains a perdu un pouce. Il y a eu ensuite des difficultés pour trouver un site adapté à cette imposante sculpture car le service de l’Equipement avait à l’époque refusé de l’installer à l’entrée de la commune.
Sources :
Olivier Babin et Germain Tetavahi (conseiller municipal à Faa’a) 1990