La pointe Hotuarea ou ‘Outu-‘araea (Pointe-terre rouge), dîte du Flamboyant à Faa’a, est depuis toujours un superbe point de vue et un agréable lieu de rendez-vous des jeunes gens.
John Gabilou, la star de la chanson polynésienne se souvient :
« Dans les années 61-62 la majorité, c’était 21 ans. On n’avait pas le droit d’aller en boîte de nuit donc on s’amusait au flamboyant de Hotuarea. Nous retrouvions les copains du quartier Piafau et ceux de la bande de Tefana. On était tous musiciens. Les filles venaient pour danser. Ça faisait un très gros rassemblement de jeunes. Certains se sont même rencontrés là et se sont mariés, et ont aujourd’hui des petits-enfants ! »
Cette pointe est classé depuis 1952 comme site protégé du patrimoine de la Polynésie française. C’était autrefois le point de départ du sentier qui traversait le district de Faa’a en allant jusqu’à la pointe Tataa Fanatea à l’Ouest.
La légende de vahine Ramarama
D’après une légende, une femme avec un flambeau, Te vahine Ramarama, se rendait souvent à la pointe Hotu-area. Elle habitait le mont Ta-aretu d’où elle guettait le passage des âmes en direction de la pointe Tataa, qui est le point d’envol des âmes de l’île de Tahiti.
Lorsqu’elle allait à la pêche, elle prenait le nom de Te-vahine-tui-â-rama (La-femme-allumant-son-flambeau) avant de descendre par le sentier jusqu’à Hotuarea d’où elle rejoignait la source Te-one-roa’. De là, elle se rendait sur un banc de sable blanc Toà-poto. Ensuite, elle péchait le long des récifs coralliens, Toà roa’ et Te aâu roa, jusqu’à une petite passe appelée Veo dans la barrière récifale à l’extrémité Ouest de Faa’a.
Sous les apparences de Te-vahine-ramarama ou de Te-vahine-tui-a-rama, cette dame pêchait les âmes des défunts.
Le chant de Hotuarea
Tefana, te fenua o te au, te ‘āi’a tei here hia e au
Tō’u fa’aputura’a e tā’u mau hoa tei fa’a’oa’oa iā’u ē
‘Auē te fenua o tō’u māmā tei fānau mai iā’u ē
Tefana ē, ‘ia ora ‘oe !
Mou’a tei ni’a, ‘o Ta’aretu ē
Tahua tei raro ‘outu’araea ē
Teie te pape nō Tavararo
‘Auē te piri o tō’u ‘āi’a here ē
Le Flamboyant de la pointe Hotuarea à Faa’a a été planté par M. Aubry, l’ancien Tavana (maire) de la commune de Faa’a. A cette époque, le tavana avait planté plusieurs autres flamboyants le long de la route mais la plupart sont tombés ou ont été abattus. Le flamboyant de Hotuarea a été déraciné par de grosses rafales de vent le 22 décembre 2014 à 6h du matin, à quelques jours de Noël .
Le flamboyant de la pointe de Hotuarea en 1955.
Le flamboyant de la pointe de Hotuarea à Faa’a en 2006. Photo Tahiti Heritage
Le Flamboyant, Delonix regia, est un arbre originaire des forêts sèches de Madagascar qui est facilement reconnaissable à sa couronne en forme de parasol composée de grandes feuilles plumeuses vert clair. Lorsqu’il devient adulte, il se pare d’une magnifique robe rouge orangée qui lui a donné son nom de « Flamboyant » en français et de « Flame tree » en anglais. Les grandes fleurs de 8 cm de longueur comportent 5 pétales recourbées vers le haut pour favoriser leur pollinisation.
Un site classé mais pas protégé
La pointe de Hotu-area, dîte du Flamboyant, est classée depuis 1952, comme site protégé du patrimoine de la Polynésie française. Mais cela n’a pas empêché que cette pauvre pointe soit rasée pour élargir le cône de sécurité de la piste de l’aéroport pour l’arrivée d’éventuel très gros porteurs (qui ne sont jamais arrivés).
Le bel espace bien vert qui nous avait été promis pour adoucir cette perte, a été remplacé pendant presque cinq ans par un grand parking goudronné bien noir.
Cet espace est en cours d’aménagement ouvrira début 2020. Il comprendra notamment des espaces de snack, de vente de fruits et légumes et d’artisanat des à l’architecture polynésienne et un petit parking.
Sources :
Cellule Ethnologie et Traditions orales du service de la Culture et du Patrimoine
Bulletin d’informations communales Te-fana
AUDOUIN Tamatoa info@huri-translations.pf, Chant de Hotuarea
La Dépêche de Tahiti du 16 juin 2009