La montagne sacrée de Moorea, Mou’a Tapu, a été percée par la lance du héros légendaire Pai et son nom a été transformé par les narrateurs européens en Mou’a Puta, montagne perçée.
Légende du Mou’a Puta
Une nuit, Hiro et sa bande de voleurs venant de Raiatea arrivèrent à Eimeo (Moorea) pour voler le mont Rotui (qui expédie les âmes). Ils attachèrent de longues lianes pohue au sommet de la montagne et commencèrent à la tirer. Ils réussirent à détacher cette portion de l’île, comme en témoignent encore les deux baies.
Leur entreprise semblait devoir être couronnée de succès et cette portion du territoire était presque détachée du reste de l’île, lorsque le fameux guerrier Pai, qui se trouvait à Punaauia, fut réveillé par ses parents adoptifs, venaient de voir cette scène en songe. Ils lui dirent :
A rave na, to omore ia Rufau-tumu, o vero i Aimeo i te rara varu
Prends ta lance Ru-fau-tumu et jette-la sur Aimeo aux huit radiations.
Pai s’était fabriqué une lance de combat exceptionnelle, Rufautumu, taillée dans du purau (Hibiscus taliaceus), un bois particulièrement dur.
Pai se leva et ayant revêtu sa ceinture gravit la colline Tataa d’où la vue sur Moorea est excellente et jeta sa lance qui, en un instant, traversa la mer et perça un grand trou dans un sommet, connu depuis sous le nom de Mou’a puta (Montagne percée).
Continuant son chemin comme un météore, la lance arriva dans le Sud de Raiatea et se ficha dans le sommet d’une colline restée échancrée depuis. Les coqs de Moorea, réveillés par les vibrations de la lance, se mirent à chanter de tous côtés, ce qui incita les voleurs à s’enfuir au plus vite, craignant le lever du jour.
Cependant, Hiro et sa bande réussirent à arracher sur les flancs du Rotui une colline en forme de cône qu’ils emmenèrent à Ra’iatea. Ils l’installérent non loin du rivage de Opoa. Cette colline s’y trouve toujours, couverte de petits arbres toa (Arbre de fer, aito), semblables à ceux du mont Rotui et contrastant étrangement avec la végétation environnante.
Sources :
Teuira Henry – Tahiti aux temps anciens – Société des Océanistes n°1