En 1897, Cent soixante neuf soi-disant rebelles de Tahaa et Raiatea doivent être déportés sur l’île de Eiao en représailles de leur combat contre l’autorité française, mais grâce au gendarme Guillot, ils seront finalement débarquées sur l’île de Ua Huka. Une page d’histoire de Ua Huka partagée avec Raiatea et Tahaa.
Condamnés à être déportés sur l’île desserte de Eiao
En janvier 1897, le navire de guerre L’aube, conduit aux îles Marquises 169 soi-disant rebelles de Raiatea et Tahaa et leur famille (voir l’histoire du chef Teraupoo, rebelle de Raiatea) afin de les faire reléguer à Eiao, une île rocheuse et inhabitée des Marquises. Cette décision était terrible. Étant donné le manque d’eau et l’érosion avancée de cette île minuscule, ceci équivalait à une condamnation à une mort lente des 169 déportés.
Heureusement, ils furent sauvés par le courage du gendarme Guillot en poste à Nuku Hiva qui refusa d’obtempérer aux ordres du gouverneur de débarquer les prisonniers à Eiao.
Il n’y avait que quelques bêtes à cornes, quelques moutons et porcs. L’île manquait aussi d’eau en quantité suffisante pour subvenir aux besoins de cent cinquante personnes
Les soit-disant rebelles de Raiatea ramenés à Tahiti sur l’aviso Aube. Photo Agostini
Finalement déportés sur l’île de Ua Huka
Le navire L’Aube mit alors le cap vers l’île de Ua Huka où les prisonniers furent débarqués. Mais il n’était pas possible de laisser comme prévu les prisonniers dans la baie de Haavei, les arbres à fruits étant tout secs et la végétation pratiquement inexistante à cause du manque d’eau. C’est d’ailleurs pour cette raison que la vallée avait été abandonnée par ses habitants. Le brigadier Guillot intervient une seconde fois et propose de mélanger les prisonniers à la population de Ua Huka vivant dans les vallées de Hokatu, Hane et Vaipaee, au lieu de les caserner comme il était prescrit dans la vallée désertique de Haavei.
Les habitants de l’île de Ua Huka, dont l’hospitalité est excessive, accepteront certainement ce voisinage et l’on supprimerait ainsi les agents de police indigènes. D’autre part, on demanderait aux marquisiens de louer leurs terres à l’administration qui les mettraient à la disposition des déportés pour leur permettre de planter des cotonniers puisqu’ils ont des graines. On les obligerait à planter aussi des cocotiers dans les plantations de coton et, lors de leur départ, tout cela resterait la propriété des marquisiens. Il suffirait de passer des actes sous seing privé avec ceux-ci pour que tout soit en règle.
Et enfin graciés
Le ministre des Colonies estima trop arbitraire toute la procédure et gracia 81 déportés dès le mois de septembre 1897. Les restants, une cinquantaine, avec leurs familles, ne seront graciés qu’en 1900. Ils doivent une infinie reconnaissance envers le brigadier Guillot qui les a laissés dans ces trois vallées hospitalières de Ua Huka et non sur la roche aride de Eiao.
Chemin et monument des déportés
L’ancienne piste a été dénommée « Chemin des déportés » et un petit monument commémoratif (photo 1) a été édifié il y a quelques années au début du chemin près de l’aéroport de Ua Huka.
Le chemin des déportés de Raiatea © Tahiti Heritage
Sources :
Léon LITCHLE
Eugène CAILLOT, Les polynésiens orientaux au contact de la civilisation. 1912
Philippe MAZELIER , Mémorial de la Polynésie
Michel BAILLEUL Les exilés des Iles du vent à Ua Huka. SEO Sept 2017, Bull. n°339 p 37