Temauri, fut un grand guerrier du Nord de Hao, longtemps après l’époque du roi géant Munanui.
Les guerriers de Takoto attaquent !
Il y a bien longtemps, des guerriers de l’atoll de Takoto attaquèrent les quelques habitants du motu Marie à Hao qui furent capturés et tués. Maoake un homme de Hao inquiet de ne plus voir de feu sur le motu Marie, se décida à s’y rendre et dit à Temauri :
«Si tu vois par-dessus le motu Marie le jet de mon urine, je serai mort»
Maoake partit donc la nuit même pour le motu Marie. En se rapprochant du motu, il y remarqua du feu et entendit les paroles suivantes : « Serre le vent ! laisse porter ! (vent arrière)» Il pensa qu’il s’agissait des habitants du motu, mais c’étaient les guerriers de Takoto qui avaient assailli sa pirogue par l’arrière, par l’avant et les côtés, et en y prenant tous place, la firent couler.
Ils se saisirent de Maoake et le portèrent à terre, pour le tuer. Au moment où ils le tuaient, le jet de son urine partit. Temauri, qui regardait du motu Kakina, vit le jet de l’urine faire une courbe par-dessus le motu Marie. Il dit à ses hommes que Maoake était mort, et ajouta : « Demain, nous partirons pour aller voir »
Temauri à la poursuite des guerriers de Takoto
Le lendemain matin, Temauri partit, avec ses hommes à Marie. ll n’y vit personne, et, en parcourant la terre, ils découvrirent Maoake. Celui-ci n’était pas tout à fait mort. Il raconta tous ses malheurs à Temauri, et lui dit que les ennemis étaient partis la nuit même. Temauri les poursuivit avec ses bateaux et il les retrouva occupés à traîner leurs pirogues par-dessus des kaoa (grands cailloux à fleur d’eau).
Ils voulaient aller à terre, parce qu’ils avaient soif et trouvèrent des trous de récifs pleins d’eau de pluie. Ils en burent tellement qu’ils ne purent marcher, leurs ventres étaient tout gonflés, aussi gros que des femmes enceintes. Puis fatigués puisqu’ils avaient veillé toute la nuit précédente, ils accostèrent sur une terre située vers le couchant de Hao appelée Opotiki.
Les pirogues de Temauri, arrivées du côté de l’océan, débarquèrent aussi pour se battre. Les hommes de Takoto n’eurent pas l’avantage : ils furent tous tués par Temauri et ses gens sauf le grand guerrier de Takoto, Fakauhu, qui prit la fuite.
A la poursuite de Fakauhu, le grand guerrier de Takoto
Temauri, accompagné de sa fille le poursuivit. Le guerrier lui dit : « Retourne, c’est loin ».
Temauri lui répondit : « Continuons, la provision de poissons de ma fille Toroatua n’est pas encore complète ».
Ils étaient presque arrivés à la passe de Hao, quand soudain se présenta debout, Mapuhia, un guerrier de Hao. Fakauhu eut peur de Mapuhia fit demi-tour et se retrouva face à Temauri. Temauri dit à sa fille : « Si tu vois briller ma kanaenae (plaque en nacre ciselée), je serai vainqueur, sinon je serai vaincu.»
Ils se battirent à la lance de guerre (komore). Seulement il était impossible de percer Fakauhu, qui avait une peau de requin comme vêtement. Ils se battirent longtemps; jusqu’à ce que la lance de Temauri rentre dans une jointure entre deux morceaux de peau de requin de Fakauhu. Il tomba dans une crevasse de récif et Temauri s’élança sur lui pour l’égorger. Après sa mort, Temauri revint à terre. Sa fille voyant la kanaenae de son père étinceler, fut toute joyeuse et accourut pour l’embrasser.
Temauri et sa troupe vécurent ensuite sans ennuis. Une partie des gens de Takoto furent sauvés, grâce à certaines personnes de Hao qui les avaient cachés dans des paniers.
Sources :
CAILLOT Eugène, Mythes, légendes et traditions des polynésiens 1914 p 51
Légende racontée par Mme FOSTER Mère, Hao 1998
Dessin : Daniel AKEOU