La légende tahitienne de la vengeance de Maraa raconte le destin tragique de deux pêcheurs, Eteturi et Manai qui avaient consommé une nourriture consacrée aux dieux.

Le district de Maraa

Le district de Mara’a s’étend de Teorootepuatea à Vainiania Il comporte deux sommets montagneux : Mara’atau et Tufarari’i. Il possède aussi une passe appelée Tahunaamarai qui permet aux embarcations de sortir du lagon et un ensemble de grottes en pied de montagne. La légende veut que ce district de Mara’a ait été gérée par deux chefs, Tevahituaipatea, le plus important et Tetoofa, le chef arioi de Mara’a. Avec la population, ils se réunissaient au marae nommé Tuitui, à Teparauahui.

Mara’a signifie littéralement « soulevé ». Un nom qui a tout son sens quand on connaît son histoire. Une histoire contée en 1843 par Tamera, grand-prêtre.

Une offrande de paix aux dieux

Deux pêcheurs, Eteturi et Manai, quittent Mara’a pour une partie de pêche à Matahihae (actuel Teahupoo). Selon une coutume, le premier poisson pris doit être consacré au dieu tutélaire sur un marae. Les deux hommes trouvent dans la localité de Popoto un marae consacré à leur dieu tutélaire Tamatea.

En chemin, ils rencontrent des amis auxquels ils proposent de partager leur repas. Eteturi utilise une partie du poisson réservé au dieu pour améliorer le festin. Les deux hommes reprennent ensuite la route pour le marae où l’offrande doit être faite.

L’honneur de la communauté est bafoué

La population environnante accueille Eteturi et Manai, ils remettent leur offrande au tahu’a qui trouve le paquet bien léger.

Ce dernier découvre la supercherie. Puisque les deux hommes ont mangé une nourriture consacrée au dieu, ils serviront eux-mêmes d’offrandes. Eteturi et Manai sont pendus près du marae de manière à ce que leurs corps ressemblent à des poissons.

La fête à Maraa

Le soir venu, les invités ne se rendent pas compte du ava (kava, poivrier enivrant) qui a été mis dans leurs boissons. Alors que les habitants de Matahihae sont profondément endormis, les hommes de Mara’a font brûler la maison arioi dans laquelle les invités dormaient. Personne n’en ressort vivant, excepté Rahero, le chef qui repart pour Teahupo’o annoncer le désastre. Pour ne pas avoir à faire face aux esprits des gens de Matahihae, les habitants de Mara’a font construire une autre maison arioi qu’ils appellent Apiriteohu. Eteturi et Manai ont ainsi été vengés par Mara’a.


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Sources :

Teuira Henry. Tahiti aux temps anciens, société des Océanistes. 1962. p 249
Claude Robineau. Tradition et modernité aux îles de la Société: Les racines. P 155
Joany Hapaitahaa Cadousteau, Service de la Culture et du Patrimoine. La vengeance de Mara’a. 06/2016. Hiroa n°105