Nguyen Van Cam, dit Ky Dong (l’enfant merveilleux), figure de la révolte indochinoise contre l’oppression coloniale française, s’est éteint le 17 juillet 1929 lors de son exil politique en Polynésie française. Il est aujourd’hui enterré au cimetière de l’Uranie à Papeete. Au Vietnam, c’est un héros national.
Nguyen Van Cam, dit Ky Dong
Né en 1875 dans le village de Ngoc Dinh, dans la province de Thai-Binh au Vietnam, Nguyen Van Cam attira très tôt l’attention des mandarins par son intelligence et son savoir précoces. Vénéré par les paysans pour son intelligence et son savoir, celui que l’on surnomma Ký Dông (l’enfant merveilleux), lève une révolte contre la citadelle de Nam Dinh en 1887, dans le Nord de l’Indochine coloniale.
Il est d’abord exilé à Alger, de 1887 à 1896 par le pouvoir colonial français. Il y obtient son baccalauréat de littérature et sciences à l’âge de 21 ans. il fut le premier Vietnamien à recevoir ce diplôme. De retour au pays, il refuse le mandarinat qui lui est offert et préfère se rapprocher des terres du nationaliste Đé Thám, où il lève une armée de paysans qui voit en lui le génie messianique qui mettra fin à la colonisation.
Nguyen Van Cam en exil aux îles Marquises et à Papeete
Le gouverneur général de l’Indochine juge finalement qu’il n’est pas prudent de garder Ký Dông sur le sol vietnamien. Le héros n’a que 23 ans lorsqu’en janvier 1898, le révolutionnaire est exilé aux îles Marquises, à Hiva Oa. Durant son séjour il fréquente et se lie d’amitié avec le peintre Paul Gauguin. Il écrit une comédie décrivant l’arrivée de Gauguin à l’île des Marquises « Les Amours d’un vieux peintre aux Iles Marquises »
Il épouse Punu Ura Teriitaumihau avec qui il aura deux enfants, dont une fille décédée dans son adolescence, et un fils, Pierre Napoléon Van Cam. C’est par ce dernier et ses onze enfants, que la famille Van Cam fait souche en Polynésie. Il travaille comme laborantin en chimie à l‘hôpital colonial Vaiami de Papeete.
Le 17 juillet 1929, l’enfant merveilleux s’éteint à l’âge de 54 ans, à l‘hôpital colonial Vaiami. Il est enterré au cimetière de l’Uranie, dans ce qui est aujourd’hui le caveau familial des Van Cam.
Un retour posthume au Vietnam ?
Au Vietnam, c’est un héros national. Plusieurs tentatives de rapatriement officiel de ses restes au Vietnam se sont systématiquement trouvées confrontées à l’opposition ferme de l’un de ses petits-fils qui veux respecter le souhait de Ký Dông, d’être enterré près de sa fille, morte de la grippe espagnole dans les années 20.
« C’est malheureux« , il aurait tous les honneurs qu’il mérite au Vietnam. Des rues et des écoles portent son nom. Sa mémoire est célébrée dans des lieux de culte. Il a des monuments érigés en son honneur«
A Tahiti, la dépouille de ce père du nationalisme vietnamien gît incognito à l’Uranie, dans le caveau familial des Van Cam.
Tombe de Nguyen Van Cam, dit Ký Dông à Papeete
Sources :
Kỳ Đồng Nguyễn Cẩm. Một chiến hữu của vị anh hùng Hoàng Hoa Thám. Newvietart.com
Jean-Pierre Viatge. Tahiti Infos juin 2018
Photo 1 : Nguyen Van Cam, dit Ky Dong (à droite) et un fonctionnaire français (à gauche) aux Marquises