Un hangar de tôles a été construit, à l’endroit même, où le chanteur belge Jacques Brel dressait son écran de cinéma et qui est resté un lieu de rassemblement des jeunes de l’île d’Hiva Oa aux Marquies. On pousse la petite porte en fer et là c’est grandiose. On entends sa voix. Une sono diffuse ses plus belles chansons…
Ça vous prend les tripes ! Très facile de l’imaginer aux commandes de son avion Jojo, qui désormais restauré trône à l’abri des intempéries.
Jacques Brel, venu se retirer du monde dans cette île éloignée des Marquises, était connu de la population, non pour ses chansons, mais pour les nombreux services qu’il rendait avec son avion, le célèbre Jojo, un Beechcraft Twin-Bonanza construit en 1956 dans les ateliers de Wichita Kansas.
Jacques Brel utilisera son avion pour ses déplacements personnels mais surtout pour de nombreux passages à caractère humanitaire, les évacuations sanitaires. Il avait fait aménager l’appareil pour cela, c’est pourquoi le « Jojo » disposait d’un gyrophare rouge. Quel que soit le temps, dans la plus pure tradition de l’aéropostale, il s’envolera, indifférent aux brusques et violentes tempêtes du Pacifique. Même lorsque la météo est au beau fixe, il prend des risques pour se poser dans l’île de Ua-Pou, car la piste est excessivement dangereuse… Il s’agit d’un terrain improvisé, sans balisage, avec la montagne devant et sur les côtés ! De plus, le terrain est en pente et légèrement courbé au bout ! Si on rate la manœuvre, il est impossible de se représenter. « Je me flanque la trouille ! » disait-il, en décollant et en atterrissant là-bas. Les habitants prendront vite l’habitude de cette merveilleuse chance que représente la liaison hebdomadaire que fait Jacques Brel. Car le « Jojo » apporte le courrier, les médicaments, les livres, et prend gratuitement quelques passagers à chaque voyage.
En 1978, l’avion revient à Tahiti et sera utilisé par diverses sociétés, puis arrêté définitivement en 1995 et devait servir à un exercice des pompiers. Mais en 2003, une poignée de passionnés sous la houlette de Bernard Bonzom, un technicien de Dassault Aviation, et de Serge Lecordier, un inconditionnel de l’artiste entreprennent son sauvetage, son retour à Hiva Oa puis sa restauration.
Jacques Brel repose, pas très loin de son avion, au cimetière d’Atuona.
Sources :
Photo 1 : tahitinui.blog.lemonde.fr
Serge Lecordier (Atuona)
http://brel.pfiquet.be/