L’île de Ua Pou fait partie du groupe nord de l’archipel des Marquises. C’est la troisième plus grande île des Marquises avec une superficie de 105 km2.
Géographie de Ua Pou
Ua Pou est traversée du nord au sud par une montagneuse montagneuse rectiligne qui porte des sommets élevés (1 232 m au Mont Potainui), correspondant aux extrusions de phonolites au sein de la masse volcanique basaltique. Les côtes comportent également des formes de relief escarpées: haut falaises plongées dans la mer à l’ouest et littoral très découpé jalonné d’îlots et de rochers à l’est.
Les grandes vallées s’ouvrent sur la côte orientale et ont pour nom Hakahau, Hakamaii, Hohoi, et Paaumea. L’île possède de nombreuses baies qui sont souvent des médiocres mouillages, exceptées les côtes à l’écart des alizés et de la mer qui agissent peu abris comme la baie de Hakahau et celle de Vaiehu. Ua Pou dispose de plages sableuses et à galets, dont celle de Hohoi est célèbre pour ses phonolites à grenat (roche sonore sous le marteau).
Ua Pou aux temps anciens
L’île abritait autrefois 27 tribus, certaines partageant une même vallée mais restant autonome. « L’originalité de Ua Pou, par rapport au reste de l’archipel, était que l’île reconnaissait l’autorité d’un seul chef qui appartient à une famille influente de la tribu des Atipapa de Hakamoui ». Les vallées sont riches en vestiges lithiques ( me’ae, upe, tohu’a, tiki ).
Les premiers navigateurs européens
D’un abord difficile, Ua Pou ne fut découverte par les Européens qu’en 1791. Le capitaine Joseph Ingraham de Boston se contenta de noter la position de l’île le 19 avril et de la nommer Adam’s Island. Mais le français Etienne Marchand, commandant le Solide de Marseille, y débarqua le 21 juin et en pris possession au nom du roi Louis XVI et la baptise de son nom. Ua Pou s’appellera longtemps sur les cartes Ile Marchand bien que d’autres découvreurs Hergest, le 31 mars 1792 la dénomme Trevenen’s Island et Roberts le 24 février 1793 Jefferson’s Island !
Les Marquisiens, quant à eux, ont appelé leur île Ua Pou en se référant à la légende de la création de l’archipel par le Dieu Atea. Cette légende compare les îles aux éléments épars d’une case. Ua Pou, île centrale de l’archipel, était les deux piliers soutenant l’ensemble de la toiture.
Dès 1791, les mers du Sud s’ouvrent aux baleiniers, les navires relâchent aux Marquises durant la morte saison de pêche, pour rétablir le moral et la santé des équipages. Puis apparaissent d’autres visiteurs : les chercheurs de santal. Ua Pou sera relativement protégée de cet afflux de visiteurs par le mauvais mouillage qu’offrent ses baies.
Les premières estimations de la population (1792) donnent un chiffre de 2.500 habitants. Toute l’île est habitée et comprend 16 tribus différentes. La tribu de Hakamoui domine, le Chef des Atipapa ayant réussi à assurer de nombreuses alliances donne à penser que l’ile est dirigée par un seul Roi et présente une unité, à l’inverse des autres îles de l’archipel.
1817-1850
En avril 1814, le Brick Matilda, navire santalier, mouille à Hakahau. Cinq Tahitiens embarqués de force à bord s’enfuient et incitent la population à attaquer le bateau. Le capitaine Fowler et son équipage sont faits prisonniers et seront sauvés par le Chef Noefitu.
En 1839, s’installent les premiers missionnaires qui devront quitter l’île en 1842 face à l’hostilité de la population. A cette époque, le grand chef est Heato, de Hakamoui et son épouse la reine Tahiaupeu. Heato, d’esprit rusé et retors, cherche à s’imposer à toute l’île. Il tolère difficilement la présence des pères et les soumet à de nombreuses humiliations. L’amiral Dupetit-Thouars ramènera la religion au son du canon et en 1843, la mission religieuse est reprise par deux pères, à nouveau en butte à l’hostilité royale.
En 1845, Heato décède et l’île entre en effervescence. Une baleine s’étant échouée dans une baie, la grande prêtresse de l’ile déclare que « c’est l’âme de l’ancien roi qui vient réclamer huit victimes « non tatouées ». Cela signifie qu’il faut sacrifier les étrangers présents à Ua Pou (outre les missionnaires, il y a déjà quelques Européens plus ou moins colons). Un navire français l’Anna vient dissuader ces intentions. La tribu des Atipapa fera quand même dix prisonniers dans les autres vallées qui toutes seront sacrifiées.
En 1846, la succession de Heato est difficile et les tribus Naiki et Atipapa entrent en guerre durant trois mois. On assure qu’à cette époque, un Européen participe aux combats du côté des Atipapa.
De 1847 à 1849, il n’y a plus de missionnaires à poste fixe. En 1850, les troubles reprennent entre Atipapa et Naiki.
1854 – 1880
En 1854, une épidémie d’influenza (grippe) décime la population. En 1857, apparition d’un nouveau fléau : l’alcool de coco dont la technique a été diffusée à Hiva-Oa par deux déserteurs hawaïens, alors que vient d’être bénie à Hakahau la première
église en pierre de l’archipel.
En 1859, les hostilités reprennent entre tribus, la guerre divise l’île en deux parties. Toutes les autres vallées sont alliées contre celles de Hohoi et de Hakatao. Ce sera la guerre des Naiki et des Tavaka, la paix sera faite par l’intervention de Mgr Dordillon et du roi Temoana de Nuku-Hiva.
En 1863 : le navire Empresa, venant de Callao, razzie la population des vallées de la côte Ouest pour se procurer des esclaves destinés aux mines de guano du Pérou. Quelques mois plus tard, le navire français Le Diamant ramène à Taiohae les survivants des individus enlevés aux Marquises et aux Tuamotu. Hélas, il ramène également la variole qui va ravager Ua Pou (600 morts) et Nuku-Hiva (930 morts). Pour essayer de conjurer la maladie, aura lieu à Hohoi le dernier sacrifice humain de Ua Pou.
En 1864, après l’épidémie, le révérend hawaïen Kawealoha débarque à Hakahau, s’installe sur la côte Ouest et se lance dans la culture du coton. D’autres protestants le rejoindront et formeront une ethnie polynésienne mais non marquisienne.
En 1879, s’établiront de petites écoles catholiques à Hakahau, Hohoi, Hakatao, Hakahetaü, elles seront ouvertes six ans.
En 1880, des hommes de Ua Pou participeront à une expédition militaire pour mater la révolte des îles Hiva-Oa et Tahuata.
Sources :
Jean-Louis Candelot Hakahau, Résumé d’histoire de l’île de Ua Pou. 6 mars 1982
Gérard Cheval: Ua Pou, fleur des Marquises
Illustration Yvette Birnie. 7 sept 2005. Baie de Hakahau à Ua Pou. Yvette’s Sketches