Dans les années 30, le neveu du Père Emmanuel explique à son ami, la méthode quelque peu bizarre utilisée dans nos îles pour chasser un tupapa’u (revenant) qui s’était réfugié dans le ventre d’une pauvre femme.
« Cette nuit, à 11 heures j’ai entendu quelqu’un qui m’appelait et qui me dit :
«Viens vite, il y a une femme qui va crever (sic), il y a un tupapa’u dans son ventre »…
Arrivé dans la maison je me suis trouvé en face d’une furie maintenue à terre par cinq hommes des plus vigoureux… Les yeux lui sortaient de la tête. Les types disent qu’elle est possédée par un esprit qui lui commande de faire ceci ou cela.
Le médecin indigène (Piritua) m’a dit qu’il y avait beaucoup de Tahitiens atteints de cette maladie.
Le remède qu’il lui a appliqué est cocasse : il a coupé la queue d’un chat, a mis le feu aux poils et a cogné cette torche enflammée dans les trous de nez de la femme !
Aujourd’hui elle est pleine de cloques.
Le dimanche suivant, la femme tupapa’u est redevenue femme. La queue de chat enflammée a chassé le tupapa’u mais fait gonfler et couler le pif… Ils sont tous allés chanter des hyménées dans la maison de la possédée et lui ont fait boire de l’eau d’un coco pourri, toujours pour chasser le tupapa’u…
Le plus malheureux de tous c’est le pauvre chat à qui l’on a coupé la queue qui se promène dans le camp en miaulant. »