Même si votre état de santé ne le nécessite pas, Tahiti Heritage, propose de vous conduire à l’Hôpital Colonial de Vaiami de Papeete, pour une petite visite.
Dans le quartier Ouest de Papeete, il existe encore un îlot de paix et de nostalgie. C’est l’hôpital de Vaiami, ex Hôpital Colonial, le dernier vestige de tout un quartier construit au XIXè siècle suivant les lignes de l’architecture militaire du Second Empire.
Des carrés de bâtiments à un seul étage entourent plusieurs petits parcs. Les toits sont recouverts de tuiles rouges qui proviennent du massif central en France, transportées jadis comme lest par les barques militaires afin qu’elles puissent affronter le Cap Horn ou les vents contraires de l’alizé. Des promenades couvertes et bordées de balustrades en fer forgé et jalonnées de bancs servent de couloir pour circuler d’une chambre ou d’un bâtiment à l’autre. Les poutres maîtresses, en fer forgé et rivetées, sont toujours supportées par d’élégantes colonnes de fonte.
Cet hôpital ressemble comme un frère à ceux que l’on peut encore découvrir dans les recoins de villes telles que Pondicherry. Dakar ou Cayenne, anciens piliers d’un glorieux passé colonial. Les dessinateurs militaires de Napoléon III avaient su créer un style admirablement adapté ù la chaleur, à l’ambiance et ù la vitesse des tropiques.
L’entrée de l’hôpital Vaiami en 2005
Un hôpital colonial géré par des médecins de marine
Le système de santé en Polynésie française a été créé historiquement par des médecins de marine en service colonial. Les militaires représentaient au début du XIXème siècle plus de la moitié de la population de Papeete. 1848, voit ainsi l’édification d’une infirmerie militaire qui deviendra en 1884 l’hôpital général de Vaiami. Ce fut l’un des premiers bâtiments en dur construits à Papeete. Edifié sous l’administration du capitaine Armand Bruat, il reflète le style colonial et militaire de l’époque : des bâtiments sur pilotis, recouverts d’une toiture en tuiles, avec une véranda périphérique soutenu par des piliers en fonte.
L’Hôpital possède une salle d’opérations et une salle de pansement où sont exposés des appareils de stérilisation et des instruments de chirurgie courante et d’urgence. Une salle d’accouchement avec tout le matériel d’obstétrique et de gynécologie juxtapose la salle d’opération ; enfin, une salle noire est aménagée pour les examens d’oto-rhino-laryngologie et d’ophtalmologie ainsi qu’une installation radiologique.
Toutefois, cet ensemble hospitalier est trop exigu et son entretien coûte cher : en 1920, seuls 45 lits sont disponibles, ce qui demeure nettement en deçà des besoins.
L’épidémie de grippe espagnole
En 1920, au cours de la grippe espagnole, 120 lits sont entassés dans un pavillon au rez-de-chaussée. Dans la promiscuité, blessés, fiévreux et tuberculeux se côtoieront dans la même salle, dans des conditions épouvantables : le plancher du bâtiment des malades se disjoint de tous côtés ; les planches sont mangées par la moisissure ; des trous se creusent sous les pas, sous le poids des lits ; fourmis, araignées, cancrelats pullulent au-dessous et envahissent les salles, une fois la nuit venue.
6 FCP la consultation
Les soins aux indigents ne sont pas payés par les intéressés mais remboursés par prélèvement soit sur le budget de la colonie, soit sur le budget de la commune selon qu’ils habitent dans le district ou à Papeete, à raison de 6 FCP par malade. Suivant le principe des vases communicants, les militaires règlent un montant plus élevé : en 1923, 12 FCP pour un soldat de 2ème classe, 18 FCP pour un sous-officier et 24 FCP pour un officier. Les praticiens civils jugent cette pratique – la gratuité – déloyale. Chez eux, la consultation coûte 10 FCP et le prix de la visite est proportionnel à la distance parcourue par le médecin depuis son domicile (70 FCP pour un malade résidant à plus de 50 km).
En 1927, l’hôpital s’agrandit
L’exiguïté de l’Hôpital justifie son agrandissement et des unités supplémentaires viennent l’enrichir. En septembre 1927 est créé un asile pour les vieillards abandonnés, livrés à eux-mêmes et dans la misère matérielle et morale la plus complète. Quelques mois plus tard, est créé un asile pour les aliénés qui comprend huit cellules équipées de l’eau courante ; la syphilis et l’alcoolisme sont à la base des cas de nombreux troubles mentaux.
Rapidement, les deux nouveaux services les plus importants deviennent la Maternité et le dispensaire antivénérien.
En 1964, l’hôpital devient territorial et en 1970, toutes ses activités furent transférées dans l’hôpital de Mama. L’hôpital Vaiami fut spécialisé dans le traitement de la tuberculose et des maladies neuro-psychiatriques.
En 1995, l’hôpital est transféré à Taaone à Pirae et les locaux sont utilisés depuis pour héberger des services administratifs.
En 1996, le gouvernement avec le soutien de la Mairie de Papeete, souhaite rénover les bâtiments de l’hôpital pour lui donner une autre dimension. On parle notamment de centre culturel… On l’attend toujours.
Sources :
Archives : Hôpital colonial de Papeete
Mémorial polynésien
Alex Du Prel : Le paradis en folie, nouvelles de Polynésie. Le mystère de l’Hôpital de Vaiami
Matériaux locaux en Polynésie : Les briques de l’Hôpital Vaiami