Tahiti Heritage

Légende des amours interdits de Vei et Vero – Grotte Vaipoiri à Teahuupoo

Grotte Vaipoiri, Tahiti. Photo Chantal Alexandre Tahiti Iti

Grotte Vaipoiri, Tahiti. Photo Chantal Alexandre Tahiti Iti

Cette vieille légende de Teahuupoo raconte l’histoire de deux jeunes gens, Vei et Vero, qui s’aiment d’un amour fou, mais d’un amour interdit car les lois anciennes ne permettent pas à un enfant de chef ou de roi de se marier avec une personne d’une classe sociale inférieure. C’est en affrontant les monstres de la grotte Vaipoiri à Teahuupoo que Vei conquit l’amour de Vero la fille du roi, et surtout l’admiration et l’accord du roi.

La grotte Vaipoiri, Te ana Poiri

La grotte Vaipoiri, Te ana Poiri, est une grande grotte profonde emplie d’un lac souterrain, située en flanc de montagne en face de la passe Vaiau du fenua aihere (Tahiti iti). La grotte assez large se prolonge par un boyau plus étroit qui pourrait être un lavatube. L’ensemble bien obscur conserve toute son atmosphère légendaire. Pour faire pénétrer la lumière, il suffit, dit-on, de battre le sol avec des faniu (tiges de cocotier) en criant très fort.

Faire tomber la barrière du rang

Vei, était un simple enfant du peuple, un teuteu, serviteur-garde du corps du roi de Taiarapu, Petea. Il concevait un amour profond mais impossible, pour Vero, la fille du roi, car selon les anciennes coutumes polynésiennes, les enfants de la classe sociale supérieure (Arii) ne pouvaient s’allier avec ceux de la classe inférieure (manahune) et réciproquement.

Pour faire tomber la barrière du rang et conquérir sa douce Vero, Vei décide de faire une action glorieuse qui lui permettrait d’accéder à la classe supérieure : vaincre les monstres de la grotte Vaipoiri.

Personne s’osait s’approcher de cette grotte car de grands reptiles y vivaient. Des animaux inconnus à Tahiti, qui proviendraient du Sud-est Asiatique. Des rumeurs couraient que certains imprudents, avaient été attirés à l’intérieur de la grotte et n’en étaient jamais ressortis. Leurs crânes avaient été ensuite retrouvés sans cheveux dans la source, qui bouillonne à marée basse, à l’embouchure de la rivière Vaiau.

Quelques prédictions

Pendant le périple de Vei, Verohitiiteraianuanua (Vero) écouta quelques vieux récits dont les principaux personnages étaient de ses ancêtres ; puis, étant fiu  d’histoires, elle demanda qu’on lui dise son avenir.

Un vieillard lut dans ses beaux yeux noirs si doux de Vero, et lui dit qu’avant d’atteindre le bonheur, elle était prédestinée à vivre pour quelques temps dans une profonde obscurité.

Une vieille femme regarda les dents de la belle Vero et lui dit qu’elle les avait si blanches, que même si elle ne se nourrissait que de fe’i (banane plantain de Tahiti) pendant tout le temps qu’elle serait dans l’obscurité, que leur blancheur n’en perdrait pas son éclat.

Un vieil homme lui dit qu’elle avait un corps si beau et une voix si douce, qu’un aito (guerrier) surgirait bientôt et l’emmènerait pour lui donner le bonheur qu’elle désirait.

Enfin, une dernière vieille lui dit :

L’homme qui te convoite, te possédera bientôt, car tes membres tremblent comme les ailes de l’oiseau et tes narines se dilatent comme celles d’un enfant qui attend sa mère. Tu es l’oiseau qui sera déniché et cependant tu es comme l’enfant qui attend sa mère.

Vei, à l’assaut des monstres de la grotte

Devant tous ces heureux présages, le vaillant Vei décide de se lancer à l’assaut pour chasser ses occupants de la grotte. Par la ruse et en utilisant les gros blocs de rocher qui jonchent l’entrée, il réussit à tuer les monstrueux reptiles et une énorme chenille.

Une fois les lieux libérés, il aménage un lit nuptial sur le rocher émergé au milieu du lac – ce rocher existe encore – et y invite la belle Vero à le rejoindre.

Le roi de Taiarapu, Petea, inquiet, qui était parti à la recherche de sa fille, découvre les cadavres des monstres, et conquis par le courage et la force de Vei, accepte l’union.


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Sources :

D’après la légende de Vei et Vero, racontée par le vieux Haurai de Teahuupoo – Orsmond H. WALKER Société des études océaniennes Bull 18 p 193


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