Le peintre Paul Gauguin résida par deux fois à Punaauia, de 1896 à 1901, pas loin de l’église Saint-Etienne.
Paul Gauguin (1848-1903)
Né le 7 juin 1848 à Paris, Eugène Henri Paul Gauguin passe son enfance au Pérou, pays d’origine de sa mère. Devenu officier de la marine marchande, il touche pour la première fois Tahiti, en 1867. Vingt ans plus tard, on le retrouve terrassier au canal de Panama puis, après un bref séjour à la Martinique, il rejoint Paris. Nanti d’une mission officielle mais non rétribuée « à l’effet d’étudier, au point de vue de l’art et des tableaux à en tirer, les coutumes et les paysages de ce pays« . Il s’embarque à Marseille pour Tahiti, le 1er avril 1891.
« M. Paul Gauguin va partir pour Tahiti. Son intention est de vivre là- bas plusieurs années, seul, d’y construire sa hutte. Le (…) besoin de silence, de recueillement, de solitude absolue (…) le pousse (…) à Tahiti, où la nature s’adapte mieux à son rêve. » dira Octave Mirbeau.
Paul Gauguin en 1896
Premier séjour à Tahiti de Gauguin (1891-1893)
Gauguin arrive à Papeete le 9 juin 1891 pour un premier séjour qui durera jusqu’en 1893. Dès son arrivée Gauguin intrigue les habitants avec ses cheveux longs. Ils le surnomment taatavahine ce qui signifie «homme-femme». Quelques jours plus tard, il se les fait couper et porte, comme les autres occidentaux, le costume colonial. Il s’installe à Mataiea avec une jeune vahine, Teha’amana dite Tehura qui lui sert maintes fois de modèle.
Gauguin espère vivre de son art et faire « quelques portraits bien payés ». Un seul lui est commandé, celui de Suzanne Bambridge. Durant cette première période tahitienne, il peint 66 toiles dont le célèbre Vahine no te tiare, Femme à la fleur.
Bientôt, il éprouve le besoin de s’éloigner encore et veut se rendre aux Marquises mais, malade et sans argent, il renonce à ce projet et se fait rapatrier. Il rejoint Paris le 31 août 1893.
Paul Gauguin, Scène de la vie tahitienne 1896
Paul Gauguin, Paysage de Tahiti 1897
Le second séjour de Gauguin à Tahiti (juillet 1895 – aout 1901)
Déçu par l’accueil de la capitale, où Pissaro l’accusa d’avoir « pillé les sauvages de l’Océanie », il repart de Marseille pour la Polynésie, le 3 juillet 1895.
« Il me reste à sculpter mon tombeau, là-bas, dans le silence et les fleurs », confia-t-il à un ami en quittant la France.
Pour son second séjour, Gauguin choisit de s’établir à Punaauia à une douzaine de kilomètres de la capitale où il trouve des magasins et des tavernes. Il loue un terrain face à Moorea et construit un fare, composé de deux pièces, une chambre à coucher… et un atelier bien éclairé.
« …personne ne pouvait espérer avoir une plus jolie vue. De la pointe, il pouvait voir la plage sur toute sa longueur des deux côtés, là où les cocotiers et les purau s’agitent tout le long du jour et où les vagues s’engouffrent dans la barrière de corail pour mourir sur le sable noir devant sa maison. » écrit le norvégien Bjarne Kroepelien, en 1918.
Son ancienne compagne, malgré les cadeaux qu’il lui offre, le repousse à cause de son corps malade et couvert de plaies. Il trouve une nouvelle jeune vahine, Pau’ura a Tai, originaire de Punaauia.
Malgré l’exploitation de la cocoteraie, il s’endette de plus en plus ; le Chinois même lui refuse tout crédit et l’artiste vit alors misérablement. En janvier 1898, il tente de s’empoisonner à l’arsenic. Puis il entre au service du Cadastre, à Papeete, en qualité de dessinateur, au tarif de 6 F par jour, emploi qu’il assume durant près d’une année.
Les tableaux de Gauguin
En 1900, Paul Gauguin passe un contrat avec le marchand de tableaux Vollard, qui le sauve de la misère la plus noire. Le peintre s’engage à lui livrer vingt-cinq toiles par an qui lui seront payées 250 F l’une, sans compter une rente mensuelle de 350 F que Vollard lui régle à partir du 9 mai 1900. Durant cette période, il grave quatre cents bois, exécute des dizaines de sculptures sur bois et peint cent tableaux dont :
- Te arii vahine (La femme aux mangues);
- Près du Golgotha (autoportrait);
- Faa iheihe (Préparatifs de fête);
- Maternité; Les seins aux fleurs rouges;
- Te tiai na oe ite rata? (Tu attends une lettre?),
- et le célèbre. D’où venons-nous? Que sommes-nous? Où allons-nous?
Il remanie et illustre son manuscrit Noa-Noa, collabore aux « Guêpes », une feuille locale, et fonde « Le Sourire », journal satirique qui compta neuf numéros entre avril 1899 et avril 1900.
Gauguin aux Marquises
La maladie, cependant, l’obligea de se faire hospitaliser une fois encore à Papeete. A sa sortie de l’hôpital, il rêve de nouveau de se rendre aux Marquises où il espère, dans ces îles « presque encore anthropophages », retrouver « un dernier feu d’enthousiasme qui rajeunirait son imagination et ferait la conclusion de son talent ».
« Mes toiles de Bretagne sont devenues de l’eau de rose à cause de Tahiti. Tahiti deviendra de l’eau de rose à cause des Marquises », écrivait-il à son ami G.-D. de Monfreid.
Il vend sa propriété de Punaauia et embarque le août 1901 à destination d’Atuona, dans l’île Hiva-Oa. Il rencontre de nombreuses difficultés avec l’administration locale et meurt d’une crise cardiaque, le 8 mai 1903. La tombe de Gauguin est au cimetière d’Atuona, de l’île de Hiva Oa. aux Marquises.
Tombe de Paul Gauguin, cimetière d’Atuona, Hiva Oa.
Le 2 septembre 1903, au cours d’une vente à Papeete, Victor Segalen, alors médecin à bord de La Durance, achetait pour 2 F la palette de l’artiste et, pour 85 F, sept tableaux parmi lesquels figuraient l’autoportrait, Près du Golgotha et le Village breton sous la neige .
Sources :
Photo 1 : Le Fare Atelier de Gauguin à Punaauia. Photo Agostini