La plante la plus typique de Tahiti et de ses îles est incontestablement le fei (fe’i – Musa troglodytarum), dont le régime orange pousse droit, tourné vers le ciel.
D’après la légende, « les meia (bananes) des terres basses tenaient leurs fruits en l’air comme les fei des montagnes, mais à la suite d’une guerre entre les deux espèces, les meia furent battus par leurs cousins plus vigoureux. Depuis elles gardent la tête baissée en signe d’humiliation».
Une herbe géante
Le fei est une plante herbacée produisant une touffe de tiges 5 à 12 mètres de hauteur avec de très grandes feuilles d’un beau vert brillant. Les tiges très cassantes dépérissent après la production des fruits et sont remplacées par de nouvelles pousses qui partent du rhizome.
Popoi fei et poe fei
Le fei se déguste cuit. Autrefois, il se préparait cuit à l’étouffée dans un four tahitien. Maintenant, il se cuit tout simplement sans être épluché au four ou dans de l’eau bouillante. En écrasant le fruit cuit et en le délayant avec un peu de lait de coco, on obtient le popoi fe’i, un aliment des bébés, d’une belle couleur jaune d’or, exerçant un léger effet laxatif. L’autre plat traditionnel polynésien est le poe fe’i. C’est un mélange de purée de fei et de farine de manioc cuit au four traditionnel dans des feuilles de bananier ou au four conventionnel, puis mélangé avec du lait de coco.
La pulpe du fruit, vire au jaune orangé après cuisson. Le colorant passe dans les urines qu’il teint en jaune verdâtre, ce qui ne manque pas d’inquiéter sérieusement les touristes qui viennent de déguster un ma’a tahiti.
Chapeaux et encre à base de fei
Le fei est un véritable arsenal de matière artisanal. L’écorce séchée du tronc est utilisée dans la confection des nattes, des chapeaux, paniers, éventails… Et c’est en trempant dans de la sève de fei des morceaux de bambou effilés que les Tahitiens recopièrent la première Bible apportée par les missionnaires protestants.
Légende polynésienne sur le fei
Sources :
Teuira HENRY, Tahiti aux temps anciens, Soc. des Océanistes N°1. Musée de l’homme, Paris 2004.
Takau POMARE, Les mémoires de Marau Taaroa, Soc. des Océanistes, N°27. Musée de l’homme, Paris 1971.
Paul-Henry PETARD, plantes utiles de Polynésie, haere po p117
F.GREPIN &M.GREPIN, la médecine tahitienne traditionnelle, raau Tahiti, ed. du Pacifique.