Caché dans un parc luxuriant à l’entrée de la vallée de la Mission à Papeete, l’évêché de Tahiti est l’une des plus belles demeures de l’île, et l’une des plus anciennes encore sur pied.
Les débuts de l’évêché de Tahiti
Dès 1869, Mgr Tepano Jaussen décide la construction d’une maison commune pour loger les missionnaires, les accueillir à leurs passages. La disponibilité des frères bâtisseurs, l’abondance des matériaux restant du chantier de la cathédrale de Papeete et la richesse naturelle de la vallée de la mission, disposant de pierres de basalte, permet au projet de prendre forme rapidement. En trois ans, de juillet 1870 à juillet 1873, les frères Théophile, Cyprien et Alexandre érigent la grande bâtisse. Les frères Aloys et Henri posent la charpente de juillet 1873 à novembre 1873. L’ouvrage est inauguré en mai 1875. Une petite chapelle est construite dans le jardin de l’évéché en 1877 par le frère Théophile.
L’évêché efface, à lui seul, tout ce que peut posséder en ce genre Papeete. Ses remises en dessous, son rez-de-chaussée, son premier étage, ses deux galeries faisant en haut et en bas le tour de l’édifice, ses corridors qui font croix à l’intérieur, desservant vingt quatre chambres, son vaste grenier et son belvédère où est l’horloge, son bel escalier font de cet édifice imposant un véritable chef-d’œuvre, écrit le vieux père Laval en 1877.
Toutes les commodités
Le palais épiscopal est de toute beauté avec toutes les commodités imaginables. Il est vrai que pour les commodités citées, on se contentait de peu à cette époque :
La nuit, il fallait descendre les étages et aller sous les noyers du jardin pour se soulager. Les vieux pères ne pouvaient se livrer à cette gymnastique nocturne… et le matin c’était le transbordement des pots. L’eau courante et les premier sanitaires seront installés par Mgr Mazé et encore, au bout d’un couloir sur les galeries… suspendues comme sur les goélettes d’autrefois ! précise le Père Hodée.
Commodités ou pas, la maison est de toute façon appréciée par les missionnaires des districts et des îles qui y retrouvent de temps à autre la vie communautaire leur tenant à cœur.
Aujourd’hui, l’édifice n’est plus habité par les frères mais demeure le siège de l’administration centrale du diocèse. Ce grand édifice est l’une des plus belles demeures de Tahiti, et l’une des plus anciennes encore sur pied.
Bien plus tard, un étage supplémentaire sera rajouté suivant les plans de l’architecte Rodolphe Weimann.
Buste du Père Victor Vallons
Au bas des marches du perron de l’évêché , s’élève le buste du père Victor Vallons. Symbole du père missionnaire, il est célèbre pour avoir prêché dans les atolls du groupe Actéon et les Tuamotu de l’Est de 1941 à 1979, où il contribua à la plantation de 400 000 cocotiers qui allaient fournir une source de revenus et d’activité dans ces îles isolées. Il a parcouru ces atolls difficiles d’accès pour visiter ses ouailles, une population contrainte en ce milieu du 20ème siècle à des conditions de vie ingrates.
Il en a été le défenseur assidu, auprès des Pouvoirs publics. Le Père Vallons a même accru le vocabulaire des Tuamotu : « imbécile ! » s’y dit maintenant, à la flamande, «tomenika ».
Les jardins de l’évêché de Tahiti
Monseigneur Mazé et Monseigneur Michel Coppenrath planteront dans les jardins de l’évêché de nombreuses essences qui font de ces jardins ombragés des bijoux de verdure.
Sources :
Père Paul Hodée, Tahiti 1834-1984