En bord du lagon de Raiatea gît, entre 18 et 30 mètres de fond, l’épave du trois-mâts métallique Nordby depuis de début des années 1900. Cette coque complète, de 53 m de long et 8 de large est l’une des plus belles plongées de Polynésie.
Jusqu’en 1994, la mémoire collective avait oublié le nom du navire et les circonstances exactes du naufrage quand un journaliste de Raiatea trouva qu’il s’agissait du Nordby, un trois mâts barque de nationalité danoise construit en 1873 à Dundee en Ecosse.
Le Nordby, un trois mâts danois
Construit en fer pour le compte d’un armateur britannique, le navire s’appelait alors le Glenorn, avait un tonnage brut de 624 tonneaux et un tirant d’eau de 5,30 m. Il est rebaptisée le Nordby lors de sa vente, en 1890, au Havre pour la somme de 90 000 couronnes, à l’armateur danois P.N.Winther, originaire du petit village de Nordby dans l’île de Fano. À partir de 1892, il navigue sur toutes les mers du globe et ses périples le conduit de Ceylan au Chili en passant par le Mexique, Buenos Aires, New York, Le Cap et bien d’autres destinations. Il quitte Hambourg, le 31 août 1899 pour atteindre Auckland en mai 1900 et le retour doit s’effectuer sur Liverpool en Angleterre via Tahiti et Raiatea pour un chargement de coprah (pulpe de noix de coco séchée destinée à la fabrication d’huile de coco)
En cette dernière année du XIXe siècle, le volume des échange du port d’Uturoa à Raiatea dépasse largement celui de Papeete, car Uturoa bénéficie du statut de port franc. La Société commerciale d’Océanie (SCO), une compagnie allemande de Hambourg qui a racheté en 1876 l’usine de coprah de Uturoa, est l’un des plus gros exportateur de coprah.
Le Nordby arrive le 21 août 1900 à Uturoa, le capitaine Christiansen demande un pilote pour son entrée dans la passe, mais celui ci n’arrive pas. L’entrée se fait toutefois sans problème et le bateau mouille dans la baie de Tepua. La cargaison est importante soit 111 tonnes de coprah, des caisses de cuivre jaune, des barils de cire d’abeille, des balles de coton, des caisses de nacres brisées et d’écailles de tortues.
Le naufrage, le 22 aout 1900
Le lendemain 22 août, le mara’amu, l’alizé du sud-est, souffle fort, très fort. Si fort que l’ancre dérape car le mouillage était trop court. Impuissant, le Capitaine Christiansen assiste à la dérive de son navire qui s’échoue brutalement face à la passe Teavapiti, sur un tombant rocheux particulièrement coupant, au lieu dit Tepua. Déchiré à l’arrière, le Nordby commence, alors lentement, très lentement à glisser vers l’endroit où il encore aujourd’hui, couché sur le flanc bâbord, les mâts en direction de la passe.
Le déchargement complet se déroule sur ordonnance de l’administrateur des îles Sous-le-Vent, et le matériel d’armement et les provisions du navire sont vendus aux enchères. Le produit de la vente rapporte 2 210 francs de l’époque. L’armateur finalement n’a pas réalisé une si mauvaise affaire, puisque le bateau était assuré pour 80 000 couronnes et n’avait coûté que 90 000 dix ans auparavant…
La plongée sur le Nordby
C’est un merveilleux site de plongée, surtout la nuit. L’état de la coque et du gréement est intact, deux des trois mâts sont encore en place, le pont en bois, aujourd’hui ouvert, ne pose aucun problème pour entrer et sortir. On y trouve des poissons chirurgiens, cochers, poissons pierres, carangues grosse tête, poissons anges, crevettes, coraux noirs, spondyles, éponges encroûtantes de couleur vive et surtout des nudibranches, avec à ce jour, une quinzaine d’espèces répertoriées.
Sources :
BESSE Jean-Pierre – Notaires Serge Villet et Julien Chan
GRAN – Groupe de Recherche en Archéologie Navale. Polynesie française
Illustration TAUCHOT A. 2005 http://greec.free.fr/diaporama/nordby/nordby.htm
Pour la plongée : Hémisphère Sub – www.raiatea-diving.com