L’île de Eiao, la plus au nord de l’archipel des Marquises, se situe à une centaine de kilomètres au Nord-Ouest de Nuku Hiva. Constituée des restes d’un ancien volcan bouclier de type hawaïen, vieux de 5 à 5,5 millions d’années, dont les ¾ se sont effondrés dans l’océan, elle a la forme d’un croissant long de 12,6 km et large au plus de 3,7 km et couvre 39,2 km2.
Eiao, l’île rouge, Te motu epo kaaea
Eiao, est surnommée l’île rouge en raison des coulées volcaniques de basalte et d’autres roches qui après avoir subi d’importantes altérations, donnent des sols argileux ferralitiques rougeâtres.
La côte Sud-Est, est dominée par les falaises de l’ancienne caldeira. La ligne de crête qui la limite culmine au Mouatiketike à 577 m. Au centre de cette côte, le motu Motu’u est formé de particules calcaires d’origine biologique. Soumis à une intense érosion, le plateau incliné entre 350 et 500 m d’altitude qui constitue la plus grande partie de l’île, est largement entaillé par des vallées et ravines habituellement à sec. La plus longue est le canyon d’Opituha. Il n’y a pas de rivière et la seule source pérenne accessible est située à 150 m d’altitude en baie de Vaituha. Lors des pluies, les eaux de ruissellement rougeâtres se déversent dans l’océan.
La côte Nord-Ouest est limitée par des falaises hautes de 2 à 300 m. L’accès par la mer est limité à quelques rares baies : Charner, Avaneo… mais la plage de la baie de Vaituha est la mieux protégée.
Une histoire tourmentée
Aujourd’hui complètement inhabitée, l’île était autrefois occupée par des communautés qui devaient y vivre en permanence : on a retrouvé des structures archéologiques : paepae d’habitation, une place de réunion (tohua), des lieux religieux (me’ae) et surtout une carrière pour la fabrication d’herminettes et d’autres objets en pierre.
Eaio, a un passé tumultueux. Cette petite île a hébergé des déportés, les colons John Hart en 1876 puis Ozanne en 1927, et a faillit servir des base pour les essais nucléaires français. En 1962, le journaliste George de Caunes tenta une expérience de vie solitaire qui s’arrêta au bout de quatre mois. Au début des années 80, des chercheurs de trésor voulurent prospecter sur l’île.
La végétation de Eiao est connue pour être l’une des plus dégradée de Polynésie française. En effet, plus de 130 ans après l’introduction des premiers herbivores (boeufs, moutons…) abandonné par les baleiniers au début du XXème siècle, l’île de Eiao se présente sous un aspect exceptionnellement marqué par l’érosion, près de la moitié de sa surface étant dépourvue de toute végétation.
L’île de Eiao, comme celles de Hatutu, l’îlot dit de sable et l’île Motane dépendant de la Polynésie française sont classées en site naturel par l’arrêté n° 2559 du 28 juillet 1971.
Sources :
Michel Charleux, Fred Jacq
Association pour les Recherches Scientifiques et Historiques sur Eiao
Photos Claude Serra