Les témoignages ethnographiques de l’astronomie observationelle des anciens polynésiens ne font aucun doute sur les observations faites sur des éclipses lunaires ou solaires.

L’Association d’ethnoastronomie C.I.E.L. nous apporte quelques précisions :

Eclipses lunaires et solaires : des astres qui étaient avalés

Une éclipse de lune plongeait les polynésiens dans la consternation. Ils s’imaginaient que la planète était « natua » (ou « atua », un esprit), ou sous l’influence du charme de quelque mauvais esprit qui la détruisait. C’est pourquoi ils se rendaient au temple et offraient des prières pour la libération de la lune. Quelques-uns s’imaginaient que, lors d’une éclipse, le soleil et la lune étaient avalés par un dieu offensé par leur négligence. En conséquence, d’abondantes offrandes incitaient le dieu à réduire son courroux et à rejeter de son estomac les astres du jour et de la nuit. Pourtant, en dehors de quelques allusions, souvent paraphrasées et recopiées d’un auteur à l’autre, les précisions ne sont pas nombreuses.

Une éclipse de soleil ou de lune était attribuée à la colère du dieu Raa mau riri (Sainteté qui tient la colère), qui avalait l’astre. Lorsque ce phénomène avait lieu les prêtres et la population terrifiés se précipitaient au marae avec des prières et des offrandes et imploraient le dieu de bien vouloir rejeter l’astre. Une comète était un dieu indiquant guerre et maladie.

Météores et autres phénomènes célestes : un méchant esprit qui rôde

Un météore était « un méchant esprit qui rôdait ».

Par ailleurs, les Polynésiens étaient très inquiétés par d’autres phénomènes célestes et atmosphériques qui semblent avoir été plus prisés que les éclipses, fussent-elles solaires. Les Samoans criaient à la nouvelle lune : « O, enfant de la lune éloigne les maladies et la mort ! ». Les Maoris de Nouvelle-Zélande s’intéressaient de près aux conjonctions formées par les étoiles et la lune…. La formation de halo autour de la lune était interprétée, ainsi que la conjonction de Vénus (ou de Jupiter) avec la lune. Le phénomène céleste appelé « maru » était cependant une des observations les plus prisées, bien que nous ne connaissions pas exactement la nature exacte du phénomène désigné par ce nom. L’arc-en-ciel, la foudre, l’aurore boréale, la formation d’un halo autour de la lune ou du soleil et l’observation des nuages ont aussi été les principaux sujets d’interrogation sur le devenir des anciens Polynésiens.

Ainsi, le phénomène de l’occultation solaire ou lunaire ne semble pas, selon les sources ethnographiques, avoir été une des raisons majeure de l’observation du ciel, chez les Polynésiens d’autrefois. Était-ce parce que peu d’entre elles ont été visibles sur la bande du Pacifique sud lors des relations décrites par les premiers Européens, ou parce que les Polynésiens n’y attachaient réellement qu’une importance mineure ? L’historique des occultations célestes suffirait à démontrer, sur une échelle plus vaste que celle des premiers contacts, l’ampleur des possibilités d’observation du phénomène.

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Sources :
  • Louis Cruchet, Pt de l’association d’ethnoastronomie C.I.E.L. (C.I.E.L., B.P. 11218, Mahina) http://ciel.polynesien.free.fr
  • Société d’astronomie de Tahiti –
  • William Ellis, A la recherche de la Polynésie d’autrefois, vol 1, Paris, pub. S.O. N°25, 1972, p.210
  • Teuira Henry, Tahiti aux temps anciens, Paris, pub ; S.O. N°1, 1993, p.234.
  • Makemson – The Morning Star, New Haven, Yale University Press, 1941, p.144