Tahiti Heritage

Castilleja, le pinceau indien

Pinceau indien. Castilleja arvensis. Photo Chantal Tahiti iti

Pinceau indien. Castilleja arvensis. Photo Chantal Tahiti iti

Cette belle fleur sauvage appelée Pinceau indien (Castilleja avensis) est originaire du Mexique et de l’Amérique centrale et est naturalisée dans d’autres zones tropicales comme Hawaï ou le mont Tohiea sur l’île de Moorea.

Elle y est appelée en anglais field Indian paintbrush (pinceau indien) d’après une vieille légende indienne (lire ci dessous), cresta de gallo (crête de coq) ou candelilla (petite chandelle) en espagnol en référence à ses bractées rouge vif. Son nom botanique Castilleja rend hommage au botaniste et chirurgien espagnol Domingo Castillejo, mort en 1786.

Le pinceau indien, une herbacée colorée

Le pinceau indien (Castilleja avensis) est une herbe de 25 à 80 cm de haut, aux longues tiges dressées, poilues et généralement non ramifiées et aux feuilles vertes lancéolées. Ses fleurs verdâtres sont en épis de fleurs velues et allongées avec des bractées à pétales rouges.

C’est une plante hémiparasite à travers ses racines, c’est à dire qui vit au détriment d’une autre plante.

Castilleja arvensis. Photo Chantal Tahiti iti

Une plante toxique utilisée en pharmacopée traditionnelle

Les fleurs du pinceau indien (Castilleja arvensis) sont comestibles, mais elles doivent être consommées en petites quantités et avec modération. Elle étaient utilisées par les amérindiens comme condiment mélangé avec d’autres légumes frais. La plante avait a peu près les mêmes effets pour la santé que l’ail. Mais les racines et les parties vertes de la plante qui ont tendance à absorber et à concentrer le sélénium, sont très toxiques.

Bien que le pinceau indien soit potentiellement toxique, les amérindiens utilisaient cette plante en pharmacopée traditionnelle,

  • pour apaiser la peau brûlée et soulager des piqûres de cent-pieds
  • pour renforcer le système immunitaire
  • comme purificateur de sang
  • comme remède pour les maladies nerveuses
  • pour traiter les maladies sexuellement transmissibles.

Un thé, très clair, avec les fleurs était confectionné pour soigner les rhumatismes et plus étonnamment comme élixir d’amour. A dose plus forte, ce breuvage servait de poison pour tuer les ennemis.

Le pinceau indien est une plante tinctoriale qui permet d’obtenir une teinture noire en broyant ses racines avec du minerai de fer, ou une teinture vert-jaune lorsque les tiges, feuilles et fleurs de la plante sont broyées avec de la poudre d’alum.

Légende indienne de l’origine de la plante pinceau indien (field Indian paintbrush)

Chaque soir, un jeune chef d’une tribu indienne d’Amérique du Nord s’asseyait sur un rocher pour admirer le coucher du soleil, dont les couleurs évoluaient doucement du rouge-orangé au violet avant de se fondre doucement en laissant une rémanence pourpre.

Il aurait bien aimé immortaliser ce magnifique spectacle en le peignant, mais il ne disposait que de grossières brosses rigides et de peintures « de guerre », fabriquées avec des minéraux pilés. Ces outils et matériaux ne lui permettaient pas de rendre avec finesse toutes les nuances des couleurs du soleil couchant.

Dès que ces somptueuses teintes disparaissaient dans l’obscurité de la nuit, le jeune chef se rendait, triste et le cœur lourd, à son wigwam (tente indienne) et priait le Grand Esprit de lui donner la possibilité de capturer toute la beauté du coucher de soleil.

Un soir, observant un coucher de soleil bien plus beau que tout ceux qu’il avait vu auparavant, il entendit une voix lui dire de regarder à ses pieds. Là, il vit une belle et fine plante en forme de pinceau dont l’extrémité était recouverte d’une peinture fraîche dont le coloris correspondait parfaitement au rouge flamboyant du soleil couchant. Il cueillit la plante « pinceau indien » et posa délicatement la pointe de la fleur colorée sur la peau de daim. La touche de couleur appliquée convenait bien au ton recherché.

Le sol autour de lui s’est alors couvert d’une multitude de plantes « pinceau indien » (field Indian paintbrush), dont les fleurs représentaient toutes les nuances du ciel au coucher du soleil, de l’étincelant jaune d’or au plus profond violet en passant par toute la gamme très chaude des rouge-orangé.

Maintenant qu’il était bien outillé, le jeune chef indien se mis au travail avec ferveur en appliquant successivement de multiples touches des couleurs offertes par les plantes-pinceau sur la peau de daim. Cette juxtaposition de petites taches de couleurs franches lui permettait de transcrire toutes les nuances qu’il souhaitait. Lorsqu’il avait fini avec une couleur, il posait sur le sol la plante « pinceau indien » pour en cueillir un autre.

Une fois son œuvre terminée, son cœur fut rempli de joie car sa peinture représentait fidèlement tous les tons du coucher de soleil. Et le matin, les plantes « pinceau indien » qu’il avait posées à terre avaient pris racine et s’étaient multipliées, en répandant leur beauté sur toute la terre.

Elizabeth Silverthorne, Legends and Lore of Texas Wildflowers


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Sources :

Elizabeth Silverthorne, Legends and Lore of Texas Wildflowers. 1996 Texas University Press
Photos 1 et 2 de Chantal Tahiti iti

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