Le fantôme d’une belle américaine vient, les nuits sans lune, troubler le sommeil des perliculteurs de Mopelia.
Lorsque la perliculture était reine, y a quelques dizaines années, de nombreux jeunes hommes de l’île de Maupiti allaient travailler dans les fermes perlières de Mopelia, l’île voisine. Le séjour n’y est pas des plus plaisants, Mopelia est un atoll ne possédant aucun relief, inhabité et n’étant visité qu’une fois par mois par le caboteur Maupiti Touaia qui évacue la production locale de nacres vers les fermes perlières des Tuamotu. Aucune femme ne vivant sur l’île, on pourrait penser qu’en plus d’un légitime mal du pays, tous ces jeunes gaillards dans la force de l’âge souffrent cruellement d’un déficit d’affection.
Il n’en est fort heureusement rien car Tearama m’apprend, sourire gourmand aux lèvres, que le fantôme d’une belle Américaine, morte noyée il y a environ cinquante ans, lors du naufrage de son yacht sur les récifs qui ceinturent l’île, vient calmer les fringales érotiques des célibataires de Mopelia en s’empalant (sic) sur leur sexe. Ces saturnales se produisent toujours de nuit, de préférence celles sans lune. Chacun son tour. Pas de jaloux !
Ce n’est pas pour autant que l’on se bouscule au portillon pour prendre le chemin de Mopelia, mais enfin, la perspective de cette peu banale compensation à une vie recluse pousse nombre d’hésitants à franchir le pas. Mon informateur n’a pas su me préciser si de semblables gâteries étaient promises à d’éventuels visages pâles de passage. Si tel était le cas, l’Office de Tourisme de la Polynésie Française aurait là une belle carte à jouer.
Sources :
Nota : Aphrodite est la déesse grecque de l’amour.
Illustration : Composition libre d’après le tableau Aphrodite and Eros de Pellegrini