Cette belle légende de Raiatea nous montre comment une anguille et une plante vivent ensemble, se protégeant mutuellement contre les attaques des humains.
L’anguille, mon fils. Le fara, ma fille
Un beau jour, un homme du nom de Tii arriva à Raiatea, une des îles Sous le vent. Il avait avec lui une jeune anguille, qu’il avait élevée dans une coquille de bénitier, et un jeune plant de fara (pandanus).
Parvenu à Havaii, dans l’île de Raiatea, Tii chercha un endroit isolé pour y installer sa plante et son anguille, qu’il avait transportée dans un morceau de bambou. Il fut autorisé à les mettre dans une mare située au fond d’un cratère du mont Temehani. Il les considérait comme ses enfants et leur avait donné un nom, appelant son fils l’anguille Nana i Tahiti (regarde vers Tahiti) et sa fille le fara Tupai tupai i te fara roa (bats, bats le long fara)
Ti’i demeura un an ou deux à Raiatea et visitait souvent ses protégés qui grandissaient. Ensuite, il rentra à Tahiti, et dit au fara « ‘To-tuane iti-e » (occupe-toi de ton frère) et à l’anguille « Ei ona orua e to tuahine iti e » (reste ici et occupe-toi de ta chère sœur).
Parfois, il revenait sur Raiatea pour les voir. Et quand il s’approchait de la terre, il savait que son anguille était en sécurité, car il voyait les oiseaux de mer qui volaient autour du cratère.
Une protection mutuelle
Mais un jour, deux pêcheurs d’anguilles se rendirent au Mont Temehani, ayant vu les oiseaux, ils pensaient qu’il y avait du poisson. Quand ils arrivèrent, ils virent l’anguille. Sa tête était hors de l’eau sous le fara (pandanus). Ils mirent un appât sur un solide hameçon attaché à une forte ligne et la pauvre anguille ne tarda pas à mordre. Mais, alors qu’ils essayaient de la tirer hors de l’eau, instinctivement l’anguille s’enroula autour du tronc du fara. Ebranlé par les secousses répétées des pêcheurs, le fara commençait à être déraciné quand l’anguille, pour sauver sa sœur, se laissa aller et fût capturée.
De retour de Raiatea, Tii ne vit pas d’oiseaux voler au-dessus de la mare et se douta qu’il était arrivé un grand malheur. Il apprit la triste nouvelle et se mit à pleurer. Sa douleur fut si grande qu’il finit par mourir de chagrin.
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Sources :
T. HENRY, Tahiti aux temps anciens Société des Océanistes n°1