La reine Pomare IV est restée pour les Tahitiens quelque chose de sacré, la dernière représentation d’un passé et d’une tradition.
Nommée à la naissance ‘Aimata (manger l’œil), La future reine Pomare IV est la fille du roi de Tahiti, Pomare II et de l’une de ses femmes. Elle naquit à Moorea et tout comme son frère Pomare III, elle fut élevée par son oncle Ari’ipä’ea qui assura la régence après la mort du roi.
Elle ne reçut pas l’éducation des missionnaires. N’étant pas préparée à devenir reine, elle le devint malgré elle à la mort de son frère Pomare III à l’âge de 14 ans. Dans les premières années de son règne, ‘Aimata semblait avoir voulu s’écarter de la religion protestante, devenue officielle sous le règne de Pomare II, en favorisant un culte local, la secte des Mamaia mais les missionnaires britanniques, s’appuyant sur les autres chefs tahitiens l’obligent à revenir sous leur influence.
Dans les années 1830, George Pritchard devint son principal conseiller et joua un rôle essentiel dans la suite des évènements. En effet, en 1838, elle refuse, influencée grandement par Pritchard, l’accès de l’île à des missionnaires catholiques, les pères Caret et Laval, membres de l’ordre de Picpus, implanté aux îles Gambier. Cette décision va être l’occasion pour la France d’intervenir dans les affaires tahitiennes. Les missionnaires catholiques firent appel à l’aide de l’amiral Dupetit-Thouars à son retour à Papeete des îles Marquises, en août 1842. Celui-ci décida d’établir le protectorat français sur Tahiti. Un premier traité est signé en 1842, mais Pomare IV est très réticente et choisit finalement de résister à l’entreprise française toujours sous l’influence opposée de Pritchard ; en 1844, elle se réfugia sur un navire anglais, le Basilisk, pour rejoindre Raiatea, et refusa toute négociation de 1844 à 1846, pendant la guerre franco-tahitienne.
Après la victoire de l’amiral Bruat, Pomare IV revint à Papeete le 9 février 1847 et reprit place sur le trône en acceptant le protectorat. Ce statut lui accorda le pouvoir exécutif mais elle dû partager la plupart des fonctions importantes avec le représentant de la France, alors désigné comme Commissaire (royal, puis impérial) : convocation de l’assemblée législative, nomination des chefs et des juges de district, promulgation des lois. Toutes les forces armées et les corps de police furent placés sous les ordres du commissaire.
Elle régna donc sous le contrôle de l’administration française de 1847 à 1877. Elle mourut le 17 septembre 1877 d’une crise cardiaque dans le bain de la reine à Papeete et fut ensevelie au cimetière royal des Pomare à Arue (Papaoa). Elle donna naissance à neuf enfants dont trois accédèrent à des titres princiers tels qu’Ari’i-aue (Chef agréable/ qui se lamente) le futur Pomare V, Te arii maeva rua (le chef qui accueille avec double vénération) reine de Bora Bora, et Tamatoa, roi de Raiatea.
Sources :
Elisabeth – J.H
Portrait de la reine Pomare IV peint par Charles Giraud