L’ouverture de l’aéroport de Tahiti Faa’a en 1961 a marqué la fin d’une époque. Tahiti qui jusque là était relié au monde extérieur par bateau s’ouvrait aux circuits aériens internationaux, commerciaux et touristiques. La seule liaison aérienne avec le reste du monde était assurée jusque là par la compagnie néo-zélandaise Teal dont les hydravions amerrissaient sur le lagon.
Un aéroport sur le lagon
A défaut d’un terrain plat aux environs de Papeete, Le site retenu est le lagon devant la commune de Faa’a où existait déjà l’hydrobase utilisée par le Bermuda, sur le motu Tahiri. Les travaux consistent à remblayer le lagon sur une profondeur de 40 cm, pour asseoir une plate-forme de 3 500 m x 150 m sur la dalle corallienne. La quantité de matériau de remblai utilisée est considérable, environ un million de mètres cubes. A partir de mai 1958, cette opération spectaculaire fait l’objet d’interminables convois de camions pour transporter, depuis la vallée de la rivière Punaruu, 10 km plus loin, l’énorme quantité de roches, galets, tout-venant et autres matériaux nécessaires. Sur cette portion de la route dite de ceinture, c’est le cauchemar pour les automobilistes et le désastre pour leurs véhicules !
Le 16 octobre 1961, le premier toucher commercial à Tahiti est effectué par le DC7C F-BIAQ de la TAI. Tous les habitants de l’île qui ont pu faire le déplacement sont présents sur le terrain ou massés le long de la route de ceinture, surtout au lieu-dit du flamboyant qui surplombe la piste, pour assister à cet évènement ! Sur le parking provisoire, afin de satisfaire à la tradition, un impressionnant collier de fleurs est passé autour du nez de l’appareil et un groupe de danse tahitienne accueille les passagers. Toute la journée, de très nombreux curieux défilent pour admirer le bel oiseau métallique.
Le bâtiment de l’aéroport de Tahiti Faa’a en 1961
L’aéroport de Tahiti Faa’a en 2004
Premiers incidents
Quelques obstacles insoupçonnés viennent quelquefois perturber la circulation. Ainsi en 1961, un agent raconte dans un rapport :
Cette nuit, j’ai évité de justesse de passer en vélomoteur sur un couple agréablement couché en plein axe de la piste, sur la raie blanche !… Ayant fait part à ces personnes fort occupées la nécessité de quitter ces lieux non désignés pour un plaisir amoureux, je reçus de vagues réponses…
L’ancienne coutume polynésienne de l’accueil et de l’adieu avec des colliers de coquillage ou de fleurs s’est maintenue et on a construit un grand fare en style néo-polynésien, qui jure un peu avec l’ensemble des locaux de l’aéroport aux lignes architecturales bien rigides.