L’ofai Pehi, est un ancien rocher à sacrifice situé dans la moyenne vallée de la Papenoo, sur lequel la déesse Maai a Ruahine décapitait ses mauvais amants.

La déesse Maai a Ruahine

Dans la vallée de Papeno’o à Tahiti, la déesse Maai a Ruahine avait l’apparence d’une belle jeune femme au crépuscule, et attirait tout homme pour l’amour. Mais dès l’aurore, elle se métamorphosait en Mo’o Tua Raha, un lézard au large dos. Si son amant était encore auprès d’elle, elle pouvait soit lui tourner le dos et il avait la vie sauve, soit le faire périr.

On posait alors la tête de la victime dans l’encoche en haut du rocher ofai pehi, avant de lui trancher la tête. On peut voir une grande trace rouge sur la pierre en dessous de l’entaille, que le sang des victimes a imprégné. Ensuite, on emportait son corps dans sa grotte Te Ana Piro (littéralement  » la grotte qui pue « ) à l’odeur pestilentielle du fait du grand nombre de dépouilles entreposées.

La rivière du grand plaisir

Un chef célibataire de Papeno’o, Pa’iti’a, se rendit un jour dans la vallée afin de couper un arbre pour construire une pirogue, et ce monstrueux lézard femelle s’en éprit et l’envoûta. Pa’iti’a eut l’impression d’avoir vécu longtemps dans un bonheur parfait, alors que tout s’était passé en une heure, au bord de la rivière nommée maintenant Vainavenave (Rivière du grand plaisir) ; il rentra chez lui sans se souvenir de rien.

Maai a Ruahine donna naissance à un fils qu’elle appela Maai a Pa’iti’a, et qui était le portrait de son père.

Je suis ton fils !

Une quinzaine d’années plus tard, il y eut une grande cérémonie où chaque clan se présentait au chef Pa’iti’a en indiquant sa généalogie. Le garçon, à qui Maai a Ruahine avait enseigné ce qu’il fallait dire, s’y rendit et dit : «Je suis Maai a Pa’iti’a, ton fils».
Ceci provoqua un étonnement considérable parmi l’assemblée, et le chef lui répondit : «Non, je n’ai pas de femme, et pas non plus d’enfant !»
Alors les dignitaires présents s’écrièrent : «Il doit être ton fils, ô notre chef, car vois comme il te ressemble ! « .
Et le garçon ajouta : « Je suis le fils que tu as eu avec Mo’o Tua Raha que tu rencontras dans la rivière en rentrant chez toi»

Une triste réconciliation

Le chef fut accablé par cette révélation faite devant son peuple et la noblesse qui s’honorait d’une ascendance sans tache. Humilié, il se réfugia sur l’atoll de Teti’aroa, séjour de prédilection de la famille royale.

Mo’o Tua Raha se rendit à la nage jusqu’à cette île pour y plaider la cause de son fils. Mais dès qu’il l’aperçut, le chef Pa’iti’a envoya ses gens pour la tuer. Au crépuscule, pendant qu’elle se reposait sur le rivage, la pauvre mère lézard fut lapidée. Elle reprit son apparence de déesse Maai a Ruahine en mourant dans les bras de Pa’iti’a, et lui professa que leur fils régnerait sur les terres de leurs deux domaines, car lui-même ne rentrerait jamais à Papeno’o.


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Sources :

Raymond Teeriierooiterai GRAFFE et Olivier BABIN, 2003
Teuira HENRY, Tahiti aux temps anciens, Éd. Société des océanistes, Paris, 1993
Charles MANU-TAHI, Histoire de la vallée profonde de Papeno’o, Veia Rai, Papeete, 1998