Un femme et un chien dans le même bain, deux belles histoires…
La source Vaipiihoro (vaipi’ihoro) sépare les deux communes de Mahina et Papenoo. C’est à cet endroit, peu après le virage du village de Orofara, que les mamas des deux communes se rencontraient pour se baigner. A cette époque, les femmes se laissaient glisser sur l’eau de la source jusque la mer. Malheureusement, avec les agrandissements successifs de la route de ceinture, la source n’a pas été aménagé correctement et ressemble plutôt à un caveau humide. Le site a perdu tout son charme !
La source du chien Piihoro
La source Vaipiihoro a un lien avec la cheffesse Hotuti’a ou Hotutu de Papeari. En effet, lorsque Te-manu-tu’u-nu’u, chef de Papara, revint des Tuamotu auprès de Hotutu, cheffesse de Papeari, l’amant de Hotutu et père du Teva fondateur de l’alliance des huit Teva-e-va’u, s’enfuit en pirogue du marae Mata’irea dont il délesta une perle.
Hotutu envoya à ses trousses son chien Pi’ihoro. Le chien protecteur des Teva aux pouvoirs magiques le poursuivit, se désaltéra à la source qui prit son nom Vai-Pi’ihoro Il s’envola ensuite dans les airs jusqu’à Teti’aroa et le rattrapa au lever du jour à Huahine alors que l’homme s’était réfugié dans une grotte. C’est ainsi que l’amant, nommé aussi Teva, s’y changea en pierre et Pi’ihoro, n’ayant pu récupérer la perle, laissa cependant une empreinte de sa patte à Tefareri’i à Huahine avant de rentrer auprès de sa maîtresse
Le bain de Hina, Te hopura’a vai o Hina
La source Vaipiihoro est citée dans la légende de Tafa’i, qui compte les amours tragiques de Monoihere et de Hina la fille de Nona, la femme cannibale. Lorsqu’elle devint une jeune fille, Hina, allait se baigner dans cette source qui remplissait une pièce d’eau qui s’appelle Te hopura’a vai o Hina (le bain de Hina). A cause de la limpidité de l’eau, c’était un lieu où Hina aimait s’admirer, se baigner, s’allonger de tout son corps, adoucir le corps et sa peau brunâtre.
Non loin de ce lieu vivait le grand chef, Monoihere. C’était un beau jeune homme. Tous les jours, il enduisait son corps d’huile de coco mélangée aux fleurs de Tiare Tahiti. Lorsqu’il parcourait les chemins de la vallée, les feuilles des arbres se redressaient et les jeunes filles étaient éprises de lui. Un jour, il se rendit à la source et là il vit la jeune fille aux longs cheveux qui lui tombaient jusqu’aux genoux, à la peau d’un éclat doré du rayon des premières lueurs du soleil, des yeux semblables à la beauté de la mer au sable blanc. Elle était si belle qu’il ne put s’empêcher de s’en approcher et de la courtiser avec insistance.
Hina sortit de l’eau, s’assit sur un rocher et regarda l’homme qui se trouvait en face d’elle. Le désir naquit soudain en elle, car c’était la première fois qu’elle voyait un homme. Monoihere posa une main sur son épaule alors que l’autre main caressait les cheveux de Hina. Elle recula brutalement tout en le repoussant fut lacérée par des épines. Monoihere s’empara de Hina. Il prit du citron et pansa les plaies de sa belle. L’amour prit forme entre ces deux êtres…
Lire également les articles sur les autres lieux de la légende de Monoihere :
- Nona, la femme cannibale, mère le Hina
- La Grotte de Monoihere, où se cachait les amours de Hina et Monoihere
- La petite source de Pati
Sources :
Teuria Henry 1968 – Tahiti aux temps anciens. p 566, Légende de Tafai-
Betty Taputuairai, Raymond Tuhio et Olivier Babin 2000