Faeta est un guerrier de Anau intelligent et très redoutable. Son grand-père lui confie un jour la protection de Bora Bora. Un défi qu’il relève avec ruse, courage, et douze mille hommes.
Faeta, un guerrier hors norme
Faeta est à son époque l’un des plus grands ‘aito (guerriers) de Anau (un secteur de Bora Bora). Il mesure pas moins de 2,50 m, est courageux, intelligent mais très peu sociable. Faeta a une arme unique avec laquelle il frappe ses adversaires à la tête. Quand le crâne de son ennemi se fend, la cervelle en sort, ce qui a donné à l’arme le nom Pahu te roro. Une fois ses victimes à terre, Faeta les décapite et les met dans un petit panier rond (‘ete) pour décorer son marae. C’est pourquoi les guerriers de Vavau (Bora Bora) le surnomment Anau Faeta i te ‘ete. C’est ainsi que le nom Anau a été donné à ce secteur.
Son grand-père règne à cette époque sur Bora Bora et Maupiti. Mais il est très âgé, et c’est donc son petit-fils Faeta qui a la responsabilité de la sécurité de toute l’île de Bora Bora. Faeta connaît la force de ses guerriers ainsi que les points faibles de son île.
Une stratégie bien établie
Un jour, les gardiens signalent l’arrivée d’une grande armée venue des îles lointaines. Faeta rassemble douze mille hommes et les répartit en trois groupes :
- Le premier est dirigé vers les motu tout autour de l’île,
- Le deuxième groupe est placé dans les lagons sur les pirogues doubles et près de la passe de Tevanui,
- Le troisième groupe, le plus important et le mieux équipé, reste sur la grande terre.
La cloche de Hiro
Pour diriger ses trois grandes armées, Faeta se place près de la cloche de Hiro. Le grand héros Hiro avait fait construire, sur le grand motu To’opua de Bora Bora, deux cloches, de simples pierres :
- l’une, orientée vers le haut, donne un son aigu et sert à effrayer l’ennemi,
- l’autre, placée vers le bas, indique d’ un son grave l’arrêt ou la retraite.
La cloche de Hiro du motu Toopua à Bora Bora sur YouTube par Dane Lee
Le grand guerrier veille toute la nuit. À l’aube, la grande armée ennemie se glisse silencieusement vers les motu, mais les gardiens les voient venir. Ils avertissent Faeta, qui laisse l’ennemi s’avancer. Puis, il donne l’ordre aux guerriers de frapper la cloche du haut de toutes leurs forces. Le son aigu de la cloche retentit dans toute l’île. Les guerriers des îles lointaines commencent à avoir peur en croyant entendre la voix des dieux.
Les pirogues doubles les arrêtent
La grande armée adverse, dirigée par les deux grands guerriers, Tepau-ari’i et To’o Te’a, entre par la passe de Tevanui. Mais, les pirogues doubles sont là pour leur barrer le passage. To’o Te’a réussit à passer mais perd beaucoup d’hommes. Face aux douze mille hommes de Faeta, il décide de battre en retraite en emportant Tepau-arii qui est blessé.
Faeta reçoit du roi la plus haute distinction jamais offerte à un guerrier : un maro ‘ura (ceinture royale ornée de plumes rouges) et un maro te’a ainsi que la responsabilité de la garde royale. Cette bataille est restée gravée dans la mémoire de tous les guerriers des îles.
Sources :
Récit extrait de la légende tirée d’un Puta tupuna (livre des anciens) de Bora Bora – Charles Manutahi, récits des anciens de Bora Bora.
Photo : William Hodges, 1777, The War-boats of the Island of Otaheite, and the Society Isles, with a View of Part of the Harbour of Ohaneneno, in the Island of Ulieta, one of the Society Islands. National Maritime Museum Greenwich, Londres.
M.T. mars 2019