Cette belle histoire d’amour s’est déroulée au début des années 60 à Tahiti.

A cette époque, un charmant couple, habitait une belle maison entourée d’un grand jardin, rue des Poilus Tahitiens (RDPT comme on l’appelait à l’époque) en face de la maternité de Papeete. La vie était belle et le temps s’écoulait doucement au son des ukulele et sous le parfum des tipanie. 
Mais, un jour, le mari attrapa la lèpre, une maladie que l’on ne savait pas encore soigner et dont le seul remède consistait à isoler les malades dans la léproserie de Orofara à l’extrémité de Mahina. Là bas, une fois rentrés on ne ressortait plus, ou malheureusement si, les pieds devant !

Commence alors pour notre pauvre homme une longue période de solitude entrecoupée tout de même par quelques animations comme le « Ciné Tony » ou le concert annuel de la Sainte Cécile, la patronne des musiciens, donné par les élèves de l’École des frères. C’est lors de l’une de cette visite que le jeune élève Talo apprit par son directeur, le Frère Romain, que le pauvre homme malade assis au premier rang était son oncle. Sa dame, restée seule dans la grande maison familiale attendait son mari avec l’espoir qu’il guérisse et vienne la rejoindre pour finir leur vie ensemble. Mais les années passaient, et le mari était toujours confiné dans la vallée de Orofara. Au bout de 15 ans, n’en pouvant plus d’attendre, elle se laisse aller et s’éteint doucement empreinte au désespoir.

Cette triste histoire qui rappelle les balbutiements de la médecine coloniale à Tahiti aurait dû s’arrêter là. Le lendemain, le jeune Talo voit un proche de la famille enlever l’alliance de la brave dame et la mettre avec beaucoup de précaution dans une boite à bijoux qui est ensuite glissée dans le tiroir de la coiffeuse. A cette époque, ce meuble figurait dans les chambres des maisons bourgeoises. Une fois le bijou bien à l’abri, ils sortent tous en prenant soin de bien fermer à clé la maison, désormais inoccupée.

Le lendemain, Talo et ses cousins arrivent sur les lieux et trouvent la porte entre-ouverte. Ils rentrent et voient, avec étonnement, la boite contenant l’alliance ouverte sur la coiffeuse avec l’alliance dorée bien visible. Ils rangent le tout sans trop réfléchir. Quelqu’un est peut-être passé avant nous ? Se disent-ils. 
Mais le lendemain et les jours suivants le même phénomène se reproduit. Ils se demandent bien ce que cela veut dire et comme ils ne trouvent pas de réponse satisfaisante, ils vont interroger l’évêque de Tahiti.

Celui-ci, très calme et pas du tout étonné, leur répond simplement de prendre l’alliance et de l’apporter au mari qui se trouve toujours à Orofara. Aussitôt dit, aussitôt fait, ils se rendent à la léproserie remettre au mari ce lien d’amour, qui réunit de nouveau le couple pour l’éternité.

Amour éternel…

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Sources :

Propos de Talo Pambrun, recueillis par Olivier Babin en Avril 2010.