Tuturiteautama, le plus jeune des quatre frères de Pouturu, avait pris femme à Ra’iatea et, lorsqu’elle fut enceinte de ses oeuvres, la quitta pour une autre. La mère abandonnée accoucha, seule, d’une fille et d’un garçon. Elle attendit que souffle le maraamu taurere (vent fort) et plaça les jumeaux dans un grand hue (calebasse), qu’elle déposa à la dérive sur le lagon, confiant au vent le soin de les ramener jusqu’à l’île de leur père.

Ils vinrent s’échouer à la pointe ‘Otu’eheru. Là, un couple âgé les recueillit et les éleva. Le garçon fut appelé Taarii et la fille Hei’uraitera’i. Ils grandirent ensemble, mais dans la plus grande discorde, leurs incessantes querelles devenant si violentes, que Hei’ura décida un jour de s’enfuir pour de bon. Elle courut jusqu’au bord du lagon, du côté où reposait l’esprit de sa grand-mère l’ogresse, et la supplia de lui trouver une nouvelle demeure.

« Ma fille, ôte tes vêtements et plonge dans la mer » fut la réponse de Haumanava. Hei’ura obéit aussitôt, et quand l’eau se referma sur elle, son corps était devenu celui d’une belle et grande murène.

La pointe rocheuse où elle s’installa s’appelle depuis Apoo puhi et on peut y voir facilement l’entrée de son refuge, certains disent même qu’il communique avec une longue rivière souterraine que Hei’ura remonte pour cultiver ces belles graines brunes, rondes et plates, les tutu faraoa si recherchées pour orner les costumes de danse.

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Photo 1 : Jean-Claude SAMOYEAU photodive-free