A Fā’ie, au cœur du petit village, une petite communauté de puhi tari’a géants ou anguilles à oreilles ont élu domicile dans les racines immergées des māpē (châtaigniers tahitiens) dans un petit ruisseau que traverse la route de ceinture. 

Ces anguilles font le bonheur des enfants et des touristes ébahis et impressionnés par leur taille et leurs grandes et puissantes ondulations. La population interprète leur présence comme un don divin et la promesse d’une vie d’abondance.

Et pour la petite anecdote, une petite échoppe s’est installée tout près du petit pont, depuis lequel on peut observer ces superbes créatures, et elle vend aux touristes des boîtes de maquereaux pour nourrir ces êtres merveilleux et s’esclaffer de joie à la vue des torsades et entortillements qu’elles réalisent, provoquant des gerbes d’eau spectaculaires alors qu’elle se jètent sur les filets de maquereaux qu’elles raffolent.

Rivière des anguilles sacrées de Huahine à Faie

Rivière des anguilles sacrées de Huahine à Faie

L’anguille à oreilles ou puhi tari’a

L’anguille à oreilles ou puhi tari’a est un motif culturel qui occupe une place prépondérante dans la mythologie polynésienne. Ainsi, plusieurs versions racontent l’origine du cocotier au travers du thème d’une anguille divine, donc prestigieuse et sacrée, de la tête de laquelle aurait germé le premier cocotier, arbre de vie par excellence aux usages multiples et bienfaiteurs.

Puhi en tahitien est une notion qui renvoie au concept de matrice (pū) d’où jaillit (hī) la matière, les éléments, les êtres. L’anguille serait donc perçue tel un réceptacle d’où jaillirait la vie, et qui aurait été originellement créée in illo tempore, à partir des intestins de Ta’aroa, divinité première et tutélaire qui créa l’Univers polynésien, toute chose et tout être. Manavā en tahitien, les intestins, les entrailles, sont considérés par les Polynésiens comme étant le siège des émotions les plus fortes, de la toute puissance spirituelle et vitale de l’individu.

Préservées, choyées voire divinisées par les Polynésiens, la présence de puhi tari’a dans un ruisseau, un cours d’eau, une source, etc, est signe de vie et d’abondance, celles-ci participant d’ailleurs à la pureté de l’eau qu’elles filtrent tout comme les « chevrettes » ou crevettes d’eau douce locales.

Autres histoire d’anguilles

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Sources :

Hiriata Millaud, GIE Tahiti Tourisme – 2010