Où l’homme ne va-t-il pas s’accrocher ? propos de Louis Bernicot passant devant l’île de Mahetia en 1920.
L’île de Me’eti’a, Mehetia,
L’île de Me’eti’a, Mehetia, est située à environ 110 km à l’Est de Tahiti, à l’extrémité Est des îles du vent. Elle se trouve pratiquement à mi-chemin entre la presqu’île de Tahiti et l’atoll de Anaa dans l’archipel des Tuamotu. Elle constitue la partie émergée d’un édifice volcanique sous-marin, à la verticale du point chaud qui donna naissance aux îles de la Société.
Meetia constitue la dernière née des îles de la Polynésie française. Elle conserve les formes originelles d’un cône volcanique. L’île, quoique de petite taille (2,3 km2, 2 km de diamètre), à la forme d’un cône volcanique abrupt culminant à 435m, où se situe un cratère parfaitement conservé. L’originalité de cette île tient d’une part dans sa morphologie et dans le fait qu’elle soit un volcan encore actif. Deux contraintes auxquelles les hommes eurent à faire face.
L’île a encore la forme d’un cône volcanique. La partie Nord est particulièrement abrupte, avec de fréquents éboulements. C’est au sud à la pente moins forte et couverte de végétation que se situe un plateau sur lequel l’homme s’est implanté. L’île ne possède pas de cours d’eau, les points d’eaux venant uniquement du ruissellement des pentes. Il n’y a plus de sources d’eau douce aujourd’hui, suite à un remaniement sismique situé aux alentours de 1909.
Illustration 2 : Osnaburg Island or Mehetia. Le 17 juillet 1767, le navire du capitaine Samuel Wallis, le Dolphin, appuyé contre le vent et la pluie tout à gauche, sur le fond rocheux de île volcanique conique Osnaburg (Mehetia) . Il y a trois canots indigènes à proximité, dont un avec un voile.
Mehetia, un volcan encore actif
Mehetia est la partie émergée d’un énorme volcan reposant sur des fonds océaniques de 4200m et culminant à 435m au-dessus de la surface de l’océan. Des coulées de lave du volcan ont recouvert un ancien récif corallien qui s’était constitué lors d’une phase d’érosion entre deux périodes d’activité. La jeunesse du volcan est attestée par la faible érosion des pentes et du cratère, le fait que la végétation n’ait pas encore colonisé la totalité des pentes de l’île ainsi que l’absence de récif corallien continu à sa périphérique.
Certaines légendes polynésiennes qui font état de grands feux suggèrent que les dernières éruptions se sont produites il y a moins de 2000 ans.
L’île a encore la forme d’un cône volcanique qui vient de naître, encore peu touché par l’érosion marine et le ruissellement. La partie Nord de l’île correspondant à la plus récente unité volcanique est particulièrement abrupte, à la verticale du cône de cendres et de scories qui plonge directement dans la mer, tailladé par les eaux de ruissellement, avec de fréquents éboulements. La dissymétrie des versants s’explique par l’opposition côte au vent et à la houle.
Actuellement, en dehors de Mehetia, trois autres orifices volcaniques sont en activité sur la zone chaude :
- le Te ahi ti’a, le plus proche de Tahiti (40 km) dont le sommet se trouve à 1600 m de profondeur ;
- le Rocard (2000 m de profondeur),
- et le Mou’a piha’a (160 m de profondeur seulement).
L’activité volcanique de cette zone se manifeste en surface (cratère de Mehetia) par des émissions de fumerolles et en profondeur par des épanchements de lave fluide (lave en coussinet). Des crises dites « volcano-sismiques » ont lieu régulièrement. Elles s’accompagnent de très nombreux séismes de faible ampleur. En 1981, Mehetia a été le siège de 3536 séismes de mars à novembre.
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Sources :
Frédéric TORRENTE, La société insulaire de Mehetia – Me’eti’a – Université de la Polynésie française 2003
TALANDIER Jacques, Crise volcanosismique de Mehetia en 1981 et ses implications, rapport Laboratoire de Géophysique / CEA, Tahiti, 1983.