Le Nahe (Angiopteris evecta) est une fougère géante, non arborescente, pouvant atteindre 4 mètres de longueur qui pousse dans les vallées humides. Cette fougère est considérée comme primitive, car des frondes fossilisées datant de 300 millions d’années, ont été trouvées dans les pierres.
Cette fougère géante est largement répandu en Asie tropicale, en Asie du Sud-Est, en Australie et en Polynésie. Elle est naturalisée à Hawaï.
Elle est appelée Elephan Fern ou Turnip Fern en anglais. Le nom botanique Angiopteris vient du mot grec « aggeion-pteruc » où » Angio » se réfèrant à un vaisseau ailé (les sporanges agrégés) et » pteris » à une fougère. Le nom de l’espèce evecta signifie levé.
Le Nahe, un aliment de subsistance
Le rhizome du Nahe est comestible après macération dans l’eau et une cuisson prolongée. Les jeunes frondes cueillies avant qu’elles ne soient déployées, cuites constituaient un aliment de subsistance.
Les anciens polynésiens utilisaient la base de cette fougère géante (nahe) pour adoucir le goût salé de l’eau de mer ! Son usage restait un extrême recours durant leurs voyages sur l’océan, quand leur réserve d’eau douce venait à s’épuiser. Ils n’avaient alors pas d’autres choix que de boire l’eau de mer !
Mais attention, la plante contient de la thiaminase, une enzyme qui prive le corps de son complexe de vitamine B. En grandes quantités cela peut causer de graves problèmes de santé. L’enzyme est détruite par la chaleur ou un séchage complet.
Usages en pharmacopée traditionnelle
En pharmacopée traditionnelle :
- une décoction du rhizome de Nahe est utilisée pour arrêter le saignement lors d’une fausse couche ;
- la tige pilée de Nahe sont utilisées pour soulager la toux;
- les jeunes frondes de Nahe sont utilisées comme cataplasme pour réduire les oedèmes.
L’huile obtenue à partir des rhizomes du Nahe est parfois utilisée pour parfumer le monoï.
Symbole et légende sur le Nahe
Cette grande fougère terrestre des vallées humides, Nahe, est l’emblème de Huahine. Les expressions traditionnelles « Huahine i te nahe to’eto’e » (Huahine, aux fraîches fougères) ou « Huahine i te nahe turatura » (Huahine à la fougère respectées), rappellent les disettes en temps de guerre lorsque les guerriers se réfugiaient en montagne et se nourrissaient de cette fougère.
Selon la légende de l’origine des plantes d’après la mythologie polynésienne, la fougères Nahe proviendrait du foie de l’homme. On retrouve d’ailleurs sa forme dans les racines de ces plantes.
Sources :
Bruno SAURA – Huahine aux temps anciens – 2005